Depuis leur création, les Cahiers de nutrition et de diététique ont fait une place importante aux sciences humaines et sociales. Jean Trémolières et Jean Claudian – qui travailla en Roumanie à l’Institut des sciences sociales de Dimitrie Gusti – ont contribué à mettre en place au sein des sciences de la nutrition un cadre conceptuel ouvert aux SHS. Trois étapes sont repérables dans l’histoire des CND. La production d’articles sur des questions sociales est d’abord assurée par des médecins ou des acteurs du monde de la santé. La seconde période se caractérise par une scientifisation de la nutrition et un appel aux SHS, mais se traduit paradoxalement par une très faible production liée aux difficultés d’institutionnalisation de l’objet alimentation. Enfin, durant la troisième phase, on note une production relativement importante émanant de différentes disciplines, au point que les CND constituent aujourd’hui un espace de publication et de légitimation secondaire pour les SHS de l’alimentation. Le dialogue contemporain s’est noué autour de plusieurs thématiques : prévention nutritionnelle et critique de la médicalisation, modernité alimentaire et déstructuration, perception du risque et défiance des consommateurs, connaissance des marchés et des consommateurs. La conclusion identifie quelques lignes de la poursuite du dialogue entre SHS en sciences de la nutrition.

Since their creation, the Cahiers de nutrition et de diététique have given an important space to social sciences and humanities. Jean Trémolières and Jean Claudian – who worked for a time in Romania at the Social Sciences Institute of Dimitrie Gusti – contributed to set up a framework open to HSS within the nutritional sciences. The CND's history can be divided into three phases. The production of articles about social topics have first been provided by physicists or actors in the field of health. The second period is characterised by a scientification of nutritional sciences and a call on HSS, but also, paradoxically, by a very low production linked with difficulties in the institutionnalisation of food as an object. Finally, the third phase has witnessed a relatively high production from a variety of disciplines, so that the CND have turned into a publishing and legitimising space for HSS on food. The contemporary dialogue has developed regarding topics such as nutritional prevention and the critique of medicalisation, food modernity and destructuration, risks perception and consumers’distrust, or knowledge of markets and consumers. We conclude by drawing lines for the upcoming dialogue between HSS and nutritional sciences.