L’accident vasculaire cérébral (AVC) est une complication majeure de la drépanocytose. Il est lié dans 75 % des cas à une vasculopathie proximale des grosses artères cérébrales. Cette vasculopathie est détectable par écho-Doppler transcrânien (EDTC). Des vitesses moyennes (VMT)≥200cm/s sont prédictives d’un risque d’AVC de 10 % par an, mais la mise en route d’un programme transfusionnel permet de réduire ce risque à moins de 1 %. En France, c’est en Guyane où le taux d’incidence des drépanocytaires est le plus élevé, et il ne cesse d’augmenter chaque année.

L’objectif de l’étude était d’évaluer l’efficience du dépistage de la vasculopathie cérébrale des enfants drépanocytaires en Guyane.

Une étude observationnelle monocentrique rétrospective a été menée dans l’unité de médecine vasculaire du centre hospitalier de Cayenne, entre le 1^er janvier 2011 et le 31 décembre 2014, sur la base des comptes rendus d’EDTC complétée par les données des dossiers médicaux. Le consentement des patients était recueilli pour l’utilisation des résultats d’EDTC, des donnés socio-démographiques et des antécédents médicaux. Le critère de jugement de l’efficience du dépistage reposait sur l’algorithme des recommandations de la HAS pour définition de la population cible, d’un examen normal, limite ou pathologique.

La population de l’étude était composée de 161 enfants âgés de 16 mois à 19,5ans, dont 101 SS, 7 Sß0, 43 SC, 7 Sß+, 1 AS et 2 CC ; 36 % des enfants de la population cible (SS/Sß0 âgés de 12–18 mois à 18ans, non transfusés) ont bénéficié du dépistage de la vasculopathie cérébrale par EDTC : 54,8 % ont eu un contrôle à 1 an ; lors d’un EDTC limite, 25 % ont eu un contrôle à 3 mois ; et lors d’un EDTC pathologique, 33,3 % ont suivi un programme transfusionnel. Le taux d’incidence des AVC était de 1,85 %.

L’efficience du dépistage de la vasculopathie de l’enfant drépanocytaire en Guyane apparaissait peu satisfaisante. L’actuel développement d’une cohorte sur le CHC permettrait d’organiser le dépistage en le rendant plus exhaustif sur la population cible, de créer des bases de données informatisées pour chaque centre qui les suit et ainsi de réduire le risque d’AVC à moins de 1 %. En complément, une information ciblée sur le personnel médical et paramédical dispenserait une éducation du patient et de sa famille pour motiver le suivi et permettrait une prise en charge adaptée des patients les plus à risque.