Nanomatériaux et cerveau : quel impact, quelle surveillance ? - 18/03/16
Résumé |
Grâce à l’essor des nanotechnologies, en seulement une décennie, les nanomatériaux sont passés de la recherche à la commercialisation. Du fait de l’incomplète efficacité des barrières biologiques protectrices vis-à-vis des nanoparticules, le cerveau doit être considéré comme un organe-cible particulièrement vulnérable. En effet, il est très sensible à des stress tels qu’une hypoxie, une lésion mécanique ou une inflammation.
Les nanoparticules peuvent atteindre le cerveau par translocation neuronale directe (voie olfactive) ou indirecte (passage de la barrière hémato-encéphalique), mais très peu de données existent sur leur impact cérébral. Pourtant, des altérations de la morphologie, du fonctionnement et de la viabilité des cellules nerveuses ont été rapportées. Les études in vitro montrent que les nanoparticules peuvent entraîner une augmentation du stress oxydatif, une neuro-inflammation, une atteinte de l’activité électrique, de la synthèse des neurotransmetteurs, une mort neuronale par apoptose. Les nanoparticules de nature métallique pourraient avoir des effets délétères par leur capacité de modifier les conformations des protéines, favorisant leur agrégation. Or le rôle de l’agrégation anormale de protéines dans le développement des maladies neurodégénératives est reconnu : peptide bêta-amyloïde formant des plaques atypiques dans la maladie d’Alzheimer, l’alpha-synucléine, principal constituant des corps de Lewy dans la maladie de Parkinson. Un lien entre ces maladies et l’exposition environnementale aux particules commence à être observé en épidémiologie.
Dans un contexte d’expositions chroniques aux nanoparticules qui s’intensifient en quantité comme en diversité, une vigilance sur l’impact possible des nanoparticules sur le fonctionnement cérébral comme une veille scientifique et sanitaire s’imposent. Le dispositif EpiNano, destiné aux personnes manipulant les nanomatériaux sur leur lieu du travail, a pour objectif d’instaurer un suivi épidémiologique de cette population à moyen et long terme. S’agissant d’une surveillance prospective généraliste, ce dispositif devrait permettre d’étudier l’apparition éventuelle de certaines maladies neurodégénératives à partir des données médico-administratives des participants.
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Vol 172 - N° S1
P. A150-A151 - avril 2016 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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