Les troubles de mémoire épisodique sont bien documentés chez les patients souffrants de lésions thalamiques. En revanche, il existe peu d’information sur les capacités de simulation mentale de ces patients.

Nous rapportons le cas d’un patient de 72ans, PM, victime d’un infarctus thalamique et mésencéphalique droit en 2012 et présentant un syndrome amnésique (troubles de mémoire épisodique antérogrades et rétrogrades), dans une moindre mesure, une atteinte des fonctions exécutives (scores pathologiques aux fluences verbales, au Stroop et au TMT). Pour évaluer ses capacités de simulation mentale, le patient a été soumis à une épreuve neuropsychologique originale, qui consiste à compléter avec le maximum de détails quatre scénarios à partir d’une trame narrative contraignante. Les productions sont évaluées selon leur richesse, leur fractionnement chronologique et leur logique. Les performances de PM à cette épreuve sont comparées à celles de 10 sujets témoins (appariés selon l’âge et le nombre d’années d’études) au moyen de z-scores. Les productions de PM sont courtes mais d’une richesse comparable aux sujets sains et logiques. En revanche, les résultats montrent un taux de fractionnement chronologique significativement plus élevé que les sujets sains (z-score=2,06).

Chez PM, lors de simulations mentales, le déroulement chronologique des éléments diffère de celui des sujets témoins. Les récits comportent significativement plus d’interruptions reflétant un manque d’information dans la succession de 2 éléments temporels. Ces résultats suggèrent que la mémoire épisodique pourrait contribuer au maintien en mémoire des différents éléments et permettre la cohérence temporelle du récit.

Il peut donc exister des troubles de la cohérence temporelle chez les patients souffrant de troubles amnésiques dont la nature ainsi que le retentissement mériteraient d’être étudiés chez d’autres patients.