Malabsorption protéique majeure induite par le mini bypass gastrique et pas le bypass gastrique Roux-en-Y chez le rat - 23/03/16
Résumé |
Introduction et but de l’étude |
La prise en charge médicale de l’obésité (régimes hypocaloriques, activité physique, traitements pharmacologiques) reste décevante, aussi la chirurgie bariatrique est aujourd’hui le traitement le plus efficace de l’obésité morbide. Le bypass gastrique Roux-en-Y (RYGB) est l’intervention de référence, mais depuis 2001, le mini bypass gastrique (MGB) est en pleine expansion. Plus simple techniquement, il est associé à des résultats comparables au RYGB en terme pondéral et métabolique. Cependant, cette technique est controversée car elle pourrait être responsable de dénutrition. L’objectif de notre étude était de comparer chez le rat les améliorations métaboliques et la malabsorption induites par ces deux chirurgies et de les relier à l’adaptation intestinale induite par MGB et RYGB.
Matériel et méthodes |
Dix-huit rats Wistar mâles ont été opérés de MGB (n=5), de RYGB (n=5) ou à blanc (témoins n=8). Leur poids et leur prise alimentaire ont été mesurés quotidiennement. Des tests de tolérance au glucose par voie orale ont été réalisés avant et 15jours après l’opération. L’absorption intestinale des macronutriments (lipides, glucides, protéines) a été évaluée en cages à métabolisme par des analyses coprologiques. Enfin, les animaux ont été sacrifiés 20jours après l’opération et des analyses moléculaires et histologiques ont été réalisées sur le duodénum, le jéjunum et l’iléon. Les résultats représentent la moyenne±ESM et ont été analysés à l’aide de tests statistiques non paramétriques.
Résultats |
La perte de poids était plus importante chez les rats opérés que chez les rats témoins, sans qu’aucune différence significative ne soit observée entre les rats MGB et RYGB. En revanche, la prise alimentaire était significativement plus importante chez les rats MGB (p<0,05 vs RYGB et témoins). La tolérance au glucose était significativement améliorée dans les deux modèles. La fuite énergétique était plus élevée chez les rats MGB (+36 % p<0,01 vs RYGB et témoins) liée à une perte protéique fécale qui était deux fois plus importante (p<0,01 vs RYGB et témoins). L’analyse histologique de l’anse alimentaire (jéjunum) des rats MGB a révélé une augmentation de son diamètre (+39 % ; p<0,01 vs témoins), de la hauteur de villosités (+34 % ; p<0,01 vs témoins) et de la profondeur des cryptes (+80 %, p<0,01 vs témoins) avec des cellules hautement prolifératives (Ki-67). Ces modifications étaient retrouvées dans l’anse alimentaire des rats RYGB. Enfin, l’expression génique des peptidases DPP4, LAP3 et des transporteurs de peptides (PepT1) et d’acides aminés (B0AT1, Bo+AT, PAT1) était fortement augmentée dans l’anse alimentaire des rats MGB alors qu’elle était peu ou pas modifiée chez les rats RYGB.
Conclusion |
MGB et RYGB sont comparables en termes pondéral et métabolique, nous objectivons, pour la première fois, une malabsorption protéique et des fuites énergétiques majeures induites par le MGB qui ne sont pas compensées par l’hypertrophicité intestinale ou l’augmentation de l’expression des transporteurs des peptides. Avant d’utiliser le MGB comme traitement chirurgical du diabète de type 2 chez des sujets non obèses, il est donc nécessaire d’évaluer la présence de cette malabsorption chez l’homme.
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Vol 30 - N° 1
P. 54 - mars 2016 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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