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Exposition pédiatrique au méthanol : identification des ions formates par électrophorèse capillaire dans une couche et conséquences judiciaires - 12/05/16

Doi : 10.1016/j.toxac.2016.03.020 
P. Kintz 1, 2, , P. Houzé 3, F. Aknouche 4
1 Institut de médecine légale, Strasbourg, France 
2 X-Pertise Consulting, Oberhausbergen, France 
3 Laboratoire de biochimie, hôpital Saint-Louis, Paris, France 
4 Laboratoire BIO6MED, Antibes, France 

Auteur correspondant.

Résumé

Objectif

Discuter l’intérêt de l’identification des formates lors d’une exposition au méthanol dans des conditions exceptionnelles.

Introduction

En pratique courante, l’identification d’une exposition au méthanol se fait par chromatographie en phase gazeuse avec détection par ionisation de flamme. L’intoxication à cet alcool est peu fréquente, surtout de type collective après préparation d’alcool frelaté, mais rarissime chez les jeunes enfants. Le contexte médico-judiciaire nous a imposé des investigations poussées sur une couche d’un enfant de 2ans et quatre mois, alors que les investigations initiales dans un autre laboratoire n’avaient pas montré la présence de substances volatiles.

Cas

L’enfant aurait été retrouvé décédé en milieu de matinée. La veille, il aurait eu une température un peu élevée et aurait bénéficié de l’administration de paracétamol. Aucune lésion traumatique n’a été visualisée lors de l’autopsie permettant d’expliquer le décès. En revanche, l’autopsie a objectivé des signes asphyxiques (pétéchies du visage, du cœur, cyanose des ongles) avec œdème pulmonaire. L’examen anatomopathologique a mis en évidence des lésions de défaillance circulatoire à type d’œdème pulmonaire, de congestion vasculaire et d’anoxie cérébrale. Une expertise toxicologique de référence, incluant les substances volatiles, pratiqués par un laboratoire de rayonnement national n’a retrouvé que du paracétamol, dosé à 4,7mg/L dans le sang périphérique (nuque), et 69,7mg/L dans les urines. C’est dans ces conditions que nous avons reçu la couche de l’enfant.

Méthode

La couche est constituée de divers empilements de matières ouatées, contenant en son milieu une substance gélifiante, permettant l’absorption de liquide. C’est cette substance gélifiante qui a été analysée, en même temps qu’une couche standard ne contenant pas d’urine, ainsi qu’une portée par un enfant de 9 mois. Les substances volatiles ont été recherchées par HS-CG/DIF et HS-CG/SM, les xénobiotiques par CG-SM, CL-UV/BD et CL-SM (Xévo TQD). Enfin, les ions formates ont été caractérisés par électrophorèse capillaire de zone avec détection en UV inverse à 254nm (P/ACE MDQ, Sciex).

Résultats

Il a été retrouvé dans la couche du paracétamol dosé à 51mg/kg, soit une concentration superposable à celle des urines de l’enfant. L’analyse a également retrouvé de l’éthanol (0,15g/kg), du méthanol (0,44g/kg) et de l’isopropanol (0,10g/kg). La confirmation de l’exposition au méthanol a été obtenue par la caractérisation formelle des formates par électrophorèse capillaire, retrouvés à la concentration de 10,1mg/L. L’analyse de la couche vierge et de la couche portée par un enfant non exposé et contenant de l’urine n’a pas montré de substance volatile. L’affaire est en cours au niveau judiciaire, du fait des nouvelles implications sur le désaccord avec la première expertise toxicologique et des conséquences sur l’origine du décès de l’enfant.

Conclusion

Cette expertise montre l’importance du travail en réseau, de la pertinence d’un parc analytique complet et de la nécessaire mise en place d’un référentiel complet des analyses à pratiquer dans le cadre de l’expertise toxicologique de référence.

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