Introduction. La Tunisie est considérée comme une zone de faible endémie pour la sclérose en plaques (SEP). Par conséquent, peu de travaux ont porté sur cette affection en Afrique du nord. Le but de ce travail a été de comparer les paramètres cliniques, paracliniques et évolutifs des patients atteints de SEP en Tunisie et d’évaluer si l’incidence de la maladie a augmenté entre deux périodes (1974-1978 et 1996-2000), notamment après l’avènement de l’imagerie par résonance magnétique (IRM). Patients et méthodes. Nous avons effectué une étude rétrospective portant sur les dossiers des patients classés SEP, suivis au service de Neurologie de l’Institut National de Neurologie de Tunis, de 1974 à 2000. Mille cinquante-huit dossiers ont ainsi été colligés. Nous avons classé les patients en deux groupes, appartenant à deux périodes différentes, suivant les critères diagnostiques utilisés : le groupe I (1974-1978, 125 patients répondant aux critères de Mc Alpine) et le groupe II (1996-2000, 247 patients classés selon les critères de Poser). Nous avons comparé les données cliniques, paracliniques et évolutives entre ces deux groupes. Résultats. L’incidence de la SEP a été estimée à 1,3/100 000 habitants, plaçant la Tunisie dans une zone de prévalence moyenne. Il n’y avait pas de différence significative pour l’âge de début entre les deux groupes. Nous avons observé une légère prédominance masculine (sex-ratio H/F = 1,25) pour le groupe I. Les facteurs de mauvais pronostic étaient un début après 40 ans, un début par des signes pyramidaux et une évolution progressive. Le pronostic de la maladie était le même dans le groupe I et le groupe II, dans lequel pourtant le diagnostic était plus précoce et le traitement des poussées plus systématique. Conclusion. La sclérose en plaques a en Tunisie les mêmes caractéristiques cliniques et évolutives que dans les autres pays. L’introduction de l’IRM comme outil de diagnostic précoce ne semble pas avoir permis une augmentation du nombre de patients diagnostiqués.

Introduction. Tunisia is considered as a low zone of prevalence for multiple sclerosis (MS). Consequently, only very few studies have taken an interest in this disorder in North Africa. The objective of this study was to compare the clinical and paraclinical parameters and the outcome of the disease in patients affected with MS in Tunisia during two periods (1974-1978 and 1996-2000) and to determine the incidence of the disease and the impact of the use of diagnostic criteria, including the MRI. Patients and methods. We report the results of a retrospective study concerning patients classified with MS and followed in the National Institute of Neurology in Tunis between 1974 and 2000, with 1058 records examined. We divided the patients into two groups belonging to two periods: Group I (1974-1978, 125 patients classified according to the McAlpine criteria) and Group II (1996-2000, 247 patients classified according to Poser’s criteria. We compared the clinical and paraclinical parameters of the two groups. Results. The incidence of the disease was evaluated at 1.3 per 100,000 individuals, placing Tunisia in the middle zone of prevalence. There was no significant difference in the mean age of onset (32.4±10.1 years) between the two groups. A slight male preponderance was observed in Group I (M/F sex ratio = 1.25). The clinical outcome factors were age of onset after 40 years, pyramidal signs as the first symptom, and the progressive forms of the disease. Although Group II had an earlier diagnosis of the disease and a more systematic treatment of relapses, the functional outcome was similar between the two groups. Conclusion. MS in Tunisia has the same clinical characteristics and disease outcome as in other countries. The use of MRI allowed earlier diagnosis but did not increase the overall proportion of definite MS.