Le présent travail de recherche vise à démontrer que, dans la psychose, l’adresse à l’Autre permet au sujet de se différencier et de faire appel à des mécanismes pervers de défense en guise d’aménagement thérapeutique. L’objectif est de mettre en évidence l’articulation du corps à des mouvements psychiques sous l’effet du transfert.

Cette étude repose sur l’analyse des effets d’une demande d’hospitalisation formulée par un patient psychotique en service de psychiatrie. Nous nous intéressons à la succession des remaniements subjectifs apparaissant dans le discours du patient et sous forme d’agirs qu’ils soient adressés au clinicien dans le cadre psychothérapique ou à l’institution.

La demande de soin permet au patient de se différencier au prix d’une position masochiste défensive. Ensuite, l’angoisse d’anéantissement libère une démarche exhibitionniste entendue comme un levier pour retourner le masochisme en sadisme. La violence du lien se retrouve dans le transfert à l’institution dont la transgression du cadre permet de scénariser ce qui aurait autrement été subi comme réel : le fantasme de l’enfant battu.

L’impasse psychique dans la psychose peut avoir des coordonnées singulières : soit le patient s’extrait de sa position phallique pour l’Autre et il s’expose à une agressivité destructrice, soit il risque un inceste mortifère. Il peut s’en sortir dans le transfert grâce à l’identification aux agresseurs parentaux. Tenir le patient pour responsable de cette scénarisation lui donne l’occasion de s’approprier de nouveaux efforts thérapeutiques.

Le sujet psychotique peut déployer un savoir-faire avec la pulsion. Les processus de subjectivation sont soutenus par les actions complémentaires du transfert au clinicien et du transfert à l’institution. Si cette dernière scande une dynamique d’agirs, elle a un effet de relance dans le transfert et substitue à l’autodestruction la production fantasmatique qui renforce la trajectoire du désir.

This research aims to demonstrate that, in psychosis, addressing the Other allows the subject to differentiate him/herself and to resort to perverse defense mechanisms in order to tune the therapy. The work sets out to highlight the way in which the body articulates with psychic movements as a result of the transfer.

This study is based on an analysis of the effects of an application by a psychotic patient for hospital admission in a psychiatric ward. We explore the succession of subjective alterations occurring in the patient's discourse and in his acting out, whether addressed to the clinician in the psychotherapeutic setting or to the institution.

The request for care allows the patient to differentiate, at the cost of a masochistic defensive position. Subsequently, annihilation anxiety triggers an exhibitionist process which can be considered as providing leverage turning masochism into sadism. The violence of this relationship is to be found in the transfer to the institution, where transgression of this framework “stages” what would otherwise have been experienced as real: the fantasy of the beaten child.

The psychic impasse in psychosis can have quite specific coordinates: either the patient relinquishes his phallic position towards the Other and it is then exposed to destructive aggression, or he may risk mortifying incest. The patient can work this out in the transfer by identifying with parental aggressors. Making the patient responsible for this scenario gives him the opportunity to appropriate new therapeutic efforts.

Drive enables the psychotic subject to deploy skills and know-how. The process of subjectivation is backed up by the complementary actions of transfer to the clinician and transfer to the institution. If the institution lays the way for a dynamic of acting out, this will have a stimulant effect in the transfer and will replace self-destruction by the fantasy production that reinforces the trajectory of desire.