Cet article présente une étude approfondie et comparative du fonctionnement psychique de sujets ayant reçu un diagnostic de schizophrénie à partir des différentes formes de schizophrénies : hébéphrénique, paranoïde, dysthymique, simple et indifférenciée. Il s’agit de sortir d’une approche purement symptomatologique pour aborder une compréhension de la psyché, traversée par le processus de désorganisation schizophrénique, et en éclairer les impasses mais aussi les moments plus trophiques. Cette étude démontre l’intérêt d’une approche des pathologies schizophréniques fondée sur une compréhension psychodynamique du fonctionnement psychique.

Cette recherche s’appuie sur l’étude du fonctionnement psychique, au travers des tests du Rorschach et du TAT, de 20 hommes et femmes âgés de 20 à 60ans. Les tests projectifs ont été cotés et analysés selon les principes de l’École de Paris.

Les résultats mettent en évidence des modes de fonctionnements psychiques divers selon les formes de schizophrénies. Dans l’hébéphrénie, le processus schizophrénique inhibe massivement et dramatiquement la vie psychique dans toutes ses dimensions et cible particulièrement les représentations psychiques. Dans la forme paranoïde de la schizophrénie, au contraire, la persistance des représentations d’objet et de relations objectales conditionne un fonctionnement psychique plus « vivant » même si la pensée, elle, reste, désorganisée. Chez les sujets présentant une symptomatologie dysthymique, les représentations d’objet sont plus présentes mais plus excitantes et plus désorganisatrices et ont, paradoxalement, une fonction de maintien d’une forme de reconnaissance de l’objet et du lien objectal qui permet un fonctionnement psychique plus « animé ». Le fonctionnement psychique des sujets ayant un diagnostic de schizophrénie simple ou schizophrénie indifférenciée, apparaît plus figé, le processus schizophrénique se portant ici particulièrement sur les processus de pensée.

Sous une apparente diversité, le point commun de ces fonctionnements psychiques est de tendre vers une inhibition du penser, vers un état d’inexcitabilité qui tend à combattre la destruction du pare-excitant par un mouvement de défense ultime, à la fois régressif et destructeur de la psyché. Ce mouvement s’attaque particulièrement aux représentations psychiques et à l’affectivité.

Cette étude souhaite contribuer, par les résultats psychopathologiques qu’elle présente, au débat sur l’unité ou la diversité des formes de schizophrénies.

This article presents a comprehensive, comparative study of mental functioning in subjects who have been diagnosed with schizophrenia, taking into account the various forms of the disorder: disorganized, paranoid, dysthymic, simple and undifferentiated. Rather than a purely symptomatic approach, it seeks to gain an understanding of the psyche by shedding light on the process of schizophrenic disorganization, taking trophic factors into account. This study demonstrates the value of approaching schizophrenic disorders through a psychodynamic understanding of mental functioning.

This research is based on a study of mental functioning using the Rorschach inkblot test and the TAT, carried out on twenty men and women aged between twenty and sixty. The projective tests were scored and analysed according to the principles of the School of Paris.

The results highlight how mental functioning differs across the different forms of schizophrenia. In hebephrenia, the schizophrenic process dramatically inhibits all aspects of a person's mental functioning and particularly affects mental representations. In paranoid schizophrenia, however, the persistence of object representation and object relationships creates a more “lively” mental functioning even though the thought process itself is disorganised. Among subjects with dysthymic symptoms, object representations are more present but have a more stimulating and disruptive effect and, paradoxically, serve to maintain a form of recognition of objects and object relationships that allows for a more “animated” mental functioning. The mental functioning of subjects diagnosed with simple or undifferentiated schizophrenia appears more inert, as the schizophrenic process in this case has a particular impact on thought processes.

Although there are clear differences between the various forms of schizophrenia, there are points in common in the mental functioning of sufferers: there tends to be thought inhibition and blunted emotions, which combat the destruction of the emotional barrier in an ultimate defensive move, which has a regressive and destructive effect on the mind. This move impinges on psychological representations and emotions in particular.

This study aims to use these psychopathological results to make a contribution to the debate on the unity or diversity of the different forms of schizophrenia.