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Schizophrénie et délire - 03/06/16

Doi : 10.1016/j.evopsy.2015.09.004 
Nicolas Brémaud a, , b  : Psychologue clinicien, Docteur en psychopathologie, membre Associé laboratoire psychopathologie « Nouveaux symptômes et lien social »
a EA4050, université Rennes II Haute-Bretagne, IME « Le Marais », 13, rue Saint-Dominique, 85300 Challans, France 
b IME « Les Terres Noires », route de Mouilleron, 85000 La Roche/Yon, France 

Auteur correspondant.

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Résumé

Objectifs

L’auteur se demande si l’on peut donner une caractéristique du délire dans la schizophrénie, et si même il est rigoureux de parler de « délire » au sujet de cette psychose.

Méthode

Nous reprendrons les grands travaux psychiatriques et psychanalytiques – depuis Bleuler – qui ont ainsi tenté de délimiter, de circonscrire et de définir le délire dans la schizophrénie. Cette revue de la littérature est suivie d’une proposition de l’auteur quant à ce que pourrait être cette spécificité du délire schizophrénique, la distinguant en ce sens des autres formes de psychoses.

Résultats

Il semble bien que ni les idées délirantes (leurs thèmes, leurs contenus), ni les hallucinations, ni aucun symptôme psychotique ne parvienne à spécifier la schizophrénie au regard des autres psychoses. Par contre, le rapport du sujet au langage, au signifiant, à la parole, nous donne semble-t-il des clés intéressantes pour répondre à notre question. Dans nulle autre psychose en effet le langage ne subit de telles contorsions, de telles attaques, de telles inventions ou manipulations. Lorsque le sujet schizophrène délire, ce délire pourrait bien être qualifié de délire langagier, ou de délire de « lalangue », selon le néologisme lacanien.

Discussion

Dans la plupart des études consacrées à la schizophrénie, traiter du délire ou des hallucinations amène quasi systématiquement à traiter de la « réalité », ou du moins à la mettre en regard. Mais la « réalité » comme telle renvoie à une pseudo-norme commune. Un autre abord de la psychopathologie est possible, notamment en considérant le discours, la parole du sujet, son rapport à la langue « maternelle », au langage. C’est aussi une façon de considérer le sujet, son positionnement, alors que l’approche par le rapport à la dite réalité ne peut qu’entraîner une conception déficitaire de la schizophrénie.

Conclusion

Les « troubles du langage », si nombreux dans la schizophrénie, reflètent certes la désorganisation, la non-structuration du champ du symbolique, mais, en outre, on ne peut que constater aussi que l’usage que fait le schizophrène de sa langue maternelle lui sert aussi à mettre son semblable à une distance respectable. Délirer la langue est peut-être bien l’une des portes de sortie du schizophrène pour éviter le chaos et pour retrouver un simili lien social, pas trop envahissant, pas trop menaçant.

Le texte complet de cet article est disponible en PDF.

Abstract

Objectives

The author wonders whether delusion in schizophrenia has special characteristics, and whether it is really accurate to use the term “delusion” in the context of schizophrenia.

Method

We first return to the most important psychiatric and psychoanalytic work – since Bleuler – that has attempted to outline or define delusion in schizophrenia. After this review, the author proposes his point of view on the possible specific nature of delusion in schizophrenia, a characteristic that might distinguish delusion in schizophrenia from other psychoses.

Results

It seems that neither delusional ideas (their themes, their content) nor hallucinations, nor any psychotic symptom can distinguish delusion in schizophrenia from that occurring in other psychoses. On the other hand, the subject's relationship with language and with significant speech give us interesting keys to answer our question. In no other psychosis does language exhibit such contortions, attacks, manipulations or inventions. When the schizophrenic subject is delusional, this delusion could be termed “language delusion”, or “lalangue delusion” to use Lacan's term.

Discussion

In most studies on schizophrenia, the consideration of hallucinations and delusion almost inevitably leads on to consideration of their links with “reality”. But what is reality, apart from a common pseudo-norm? Another psychopathological approach can be proposed, involving particular attention to the study of the subject's word and language, and links between the subject and his “maternal” language and language in general. This approach reinstates the subject in relation to his particular positioning, rather than in relation to “reality” which can only lead to viewing schizophrenia as a deficit.

Conclusion

Language disorders, very frequent in schizophrenia, reflect a disruption rather than a structuring of the symbolic dimension, but it can be thought that the particular usage of “maternal language” by schizophrenics is also a attempt to keep others at a safe distance. Delusional language could be a way of avoiding chaos, and of recovering a semblance social connectedness that is not too intrusive, nor too threatening.

Le texte complet de cet article est disponible en PDF.

Mots clés : Schizophrénie, Délire, Réalité, Langage, Psychiatrie, Psychanalyse

Keywords : Schizophrenia, Delusion, Reality, Language, Psychiatry, Psychoanalysis


Plan


 Toute référence à cet article doit porter mention : Brémaud N. Schizophrénie et délire. Evol Psychiatr année; Vol. (no): pages (pour la version papier) ou adresse URL et date de consultation (pour la version électronique).


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Vol 81 - N° 3

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