L’article étudie la clinique du traumatisme selon une approche différentielle, plus particulièrement dans les situations de catastrophes humaines (attentats terroristes, massacres, génocides), dont la spécificité et la portée sont précisées par rapport aux catastrophes naturelles.

L’auteur s’appuie sur la littérature concernant le traumatisme. Après avoir resitué la notion de trauma pour Charcot, puis Freud et Ferenczi, les définitions du traumatisme psychique sont précisées à partir d’auteurs contemporains : Maria Torok, Claude Nachin, Pierre Benghozi, Guy Briole, Olivier Douville, etc. Les notions classiques de clivage et de dissociation sont abordées, ainsi que celles plus récentes de « révisionnisme psychique » et d’« en-deuil catastrophique ».

Le trauma a partie liée avec l’accident et plus encore avec la catastrophe, surtout si elle concerne la mise à mort barbare d’autres humains. Ces réalités conduisent à s’interroger sur la haine et le meurtre. Les grandes guerres mondiales, les pratiques de la torture et les génocides ont bouleversé notre façon de considérer la mort, notamment du fait de la mutilation irréversible des corps. Accueillir et écouter les êtres humains aux prises avec les effets dévastateurs durables des catastrophes amène l’auteur à constater l’existence d’un « principe d’intégrité », complétant les principes de plaisir et de réalité posés par Freud : intégrité comme vœu et comme processus, non comme instinct de conservation ou de repli sur soi, non comme fixation défensive ou comme fantasme de totalité ; intégrité, encore, comme désir d’éthique, aussi du fait que le sujet se situe comme appartenant au genre humain. Sont alors explorées les possibilités thérapeutiques qui découlent du repérage de ces notions dans le cadre de la cure psychanalytique et de l’accueil empathique du praticien. La symptomatologie de l’après-coup traumatique et les voies thérapeutiques qui se présentent à lui confirment la pertinence du concept de « principe d’intégrité ».

L’approche et la démarche de la psychanalyse, à l’écoute de la singularité du sujet, se démarquent des protocoles comportementalistes, notamment du debriefing. Les notions traditionnelles du corpus psychanalytique demandent aussi à être complétées par des éléments qui découlent de la clinique contemporaine, notamment en situation de catastrophe.

Une clinique différentielle du choc traumatique et de ses effets ultérieurs peut garantir l’accueil personnalisé du sujet en souffrance et la reprise de ses processus de subjectivation.

The paper examines the clinical characteristics of trauma using a differential approach, particularly in human disaster situations (terrorist attacks, slaughter, genocide), and their specificity compared to natural disasters is explored.

The author draws on the specialized literature on trauma. After reviewing the notion of trauma in Charcot, Freud and Ferenczi, definitions of mental trauma are drawn from contemporary authors: Maria Torok, Claude Nachin Pierre Benghozi Guy Briole, Olivier Douville, etc. The conventional notions of cleavage and dissociation are discussed, as well as the more recent concepts of “psychological revisionism” and “catastrophic mourning.”

Trauma is closely linked to accidental occurrences and even more to disaster, especially where it concerns the barbaric killing of other humans. These realities raise questions on hatred and murder. The world wars, torture and genocide have changed our way of looking at death, particularly as a result of the irreversible mutilation of bodies. Experience confronting and listening to people struggling with the devastating effects of disasters leads the author to posit the existence of an “integrity principle”, completing the pleasure principle and reality principle posed by Freud: integrity seen as both a wish and a process, not as an instinct for self-preservation or withdrawal, nor as a defensive fixation or a fantasy of totality; integrity rather as an ethical desire, linked to the fact that the subject is positioned as belonging to the human race. Consideration is then given to the therapeutic possibilities arising from the identification of these concepts in the context of the psychoanalytic cure and an empathetic approach by the practitioner. The post-traumatic symptom profiles and the resulting therapeutic strategies confirm the relevance of this new concept of an “integrity principle.”

The psychoanalytical approach, lending an ear to the subject's singularity, is quite distinct from behavioral protocols, including “debriefing”. Classic notions from the psychoanalytic corpus need to be supplemented by elements stemming from contemporary practice, particularly in disaster situations.

Differential studies on traumatic shock and its aftermath can enable a personalized approach to the distressed subject and the resumption of the individual's “subjectivation” process.