La comparaison du niveau d'incapacité de deux générations de personnes vivant à domicile, âgées de 75 à 84 ans (respectivement 1 496 sujets nés entre 1903 et 1912 et 910 sujets nés entre 1913 et 1922) issues de la cohorte PAQUID (Personnes Agées QUID) montre un progrès considérable dans l'autonomie fonctionnelle. Près d'un quart des sujets de cet âge serait totalement autonome en 1999 contre 13,5 % dix ans avant. La progression de l'autonomie a été observée pour trois des cinq principales activités instrumentales, pour la mobilité et le confinement, alors qu'aucune évolution significative n'a été constatée pour les cinq activités de base de la vie quotidienne. Au contraire l'incontinence déclarée a progressé, suggérant un biais de sous-déclaration dans la première génération. Des inégalités importantes persistent néanmoins en fonction du genre et du niveau d'études. Pendant la même période on note une amélioration de l'état de santé auto-évalué et une moindre prévalence des déficiences cognitives et visuelles, de la dyspnée et des symptômes de dépression, mais aussi la prise d'un plus grand nombre de médicaments et un recours plus fréquent à l'hospitalisation. Des modifications du mode de vie se sont également produites au cours de ces dix années, avec une augmentation de l'activité sportive et de la consommation de vin (ou une moindre sous-déclaration ?) et une diminution du tabagisme. Parallèlement les personnes âgées ont aussi eu plus souvent recours aux aidants non professionnels. Ces données vont dans le sens d'une amélioration considérable de l'état de santé de cette tranche d'âge, grâce vraisemblablement à une amélioration de leur prise en charge, mais aussi à une meilleure hygiène de vie. La compréhension des déterminants de cette évolution nécessite une approche multidisciplinaire, afin d'en appréhender les mécanismes psychosociaux et d'en faire bénéficier également les groupes les plus défavorisés (femmes et sujets à bas niveau d'études).