Position du problème : La réversibilité de l'incapacité est examinée en utilisant les données de l'enquête de Haute-Normandie, entreprise par l'Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale auprès d'un échantillon représentatif de la population de 65 ans et plus, de 1978 à 1999.

Méthode : L'enquête concernait 1 082 personnes de 65 ans et plus. Un suivi a été organisé afin d'enregistrer la mortalité et l'incapacité aux termes de 3, 6, 10 et 20 ans. Parmi les personnes initialement en incapacité, on a considéré toutes les personnes ayant retrouvé leur capacité à sortir de leur domicile sans aide au cours des 20 ans de suivi. Chaque cas de réversibilité a fait l'objet d'une validation.

Résultats : Sur les 1 046 sujets ayant des données analysables, 218 ont présenté une incapacité de mobilité impliquant au moins l'aide d'un tiers pour sortir du domicile. La réversibilité de l'incapacité a concerné 23 sujets (10,5 % ; IC à 95 % : 6,5-14,5). Parmi les 195 sujets (89,5 %) restant en incapacité, 107 (49 %) sont décédés dans un délai inférieur à 4 ans, 20 % entre 4 et 6 ans et 20 % ont survécu en incapacité pendant une période supérieure à 6 ans. Le taux de réversibilité était de 18,6 % avant 80 ans et de 4,1 % chez les sujets de 80 ans et plus. Il était de 1,3 % chez les sujets qui ne sortaient plus de leur domicile même avec aide ou qui étaient confinés au fauteuil, contre 15,4 % chez les autres. Avant 80 ans, on observait un pourcentage de réversibilité significativement plus élevé chez les femmes. On n'observait aucune réversibilité de l'incapacité chez les personnes présentant une détérioration mentale. Les troubles cérébro-vasculaires étaient associés à une réversibilité de l'incapacité significativement réduite (5 %).

Conclusions : La réversibilité de l'incapacité est un élément qui doit être considéré dans les perspectives de santé de la population âgée. Elle concerne près d'une personne sur cinq avant 80 ans. L'augmentation du taux de réversibilité après 80 ans doit devenir un objectif du système de santé.

Background: The recovery of people initially disabled was addressed using the National Institute of Health and Medical Research Upper-Normandy survey, conducted on a representative sample of the older population from 1978 to 1999.

Methods: The survey was based on 1082 older people aged 65 and over. A follow-up was organized to register mortality and disability at point 3, 6, 10 and 20 years. Among the persons initially disabled were taken into account those who were able to go outside their home without help during the 20-year follow-up. Each case of recovery was validated.

Results: Among the 1046 subjects for whom data could be analyzed, 218 presented mobility disability necessitating help to go outside their home. Recovery from disability was observed in 23 subjects (10.5%; CI: 6.5-14.5). Among the 195 subjects (89.5%) without any recovery, 107 (49%) had died before 4 years, 44 (20%) had died between 4 and 6 years, and 44 (20%) survived with disability more than 6 years. The rate of recovery was 18.6% before age 80, and 4.1% for people aged 80 and over. It was 1.3% for home-confined or bed- or chair-confined people and 15.4% for the others. Before age 80 the recovery rate was significantly higher in women. No recovery was observed for people with mental deterioration. Cerebrovascular diseases were significantly associated with a low rate of recovery (5%).

Conclusions: Recovery from disability should be taken into account for the health prospects of the elderly population. It concerns about one person out of five before the age of 80. Increased rate of recovery after the age of 80 should be one of the objectives for the health system in the future.