Le bénéfice du dépistage par mammographie est l’objet de controverses. Outre l’impact en population générale, les patientes qui ont finalement été touchées par le cancer du sein ont-elles eu un avantage à participer à un programme de dépistage ?

Les patientes éligibles résidaient en Poitou-Charentes, territoire couvert par un registre des cancers, où le dépistage organisé par mammographie biennale est généralisé depuis 2004, étaient âgées de 50 à 74ans lors du diagnostic d’un cancer du sein en 2008 et 2009. Trois groupes ont été constitués : i) détectées par le programme de dépistage (DO), ii) cancers d’intervalle (CI) et iii) détectées hors programme de dépistage (HDO). La survie à cinq ans a été analysée chez les patientes atteintes de tumeur invasive.

Chez 1891 patientes, 67 % avaient participé au programme de dépistage. Le taux de cancer d’intervalle était de 15,2 %. Outre l’accès à des traitements moins lourds, une meilleure survie à cinq ans a été observée dans le groupe DO par rapport au groupe HDO (96,5 % versus 85,4 % ; p<0,001). Le groupe CI avait des tumeurs de stade plus avancé, de stade et de grade plus élevé que les patientes du groupe DO (p<0,001), mais moins de tumeurs de stade avancé que le groupe HDO (3,9 % versus 11,5 % ; p<0,001). Dans le groupe CI, la survie était meilleure que dans le groupe HDO (93,3 % versus 85,4 % ; p=0,005) et non différente de celle du groupe DO.

Participer à un programme de dépistage s’accompagne d’une meilleure survie. Le bénéfice de survie également observé chez les patientes atteintes de cancers d’intervalle ne peut être expliqué par les sur-diagnostics, mais semble être la conséquence d’une limitation des diagnostics tardifs en raison d’un suivi régulier, ce qui renforcerait la nécessité de promouvoir le dépistage organisé.