Certaines études ont suggéré que les trois principaux indicateurs de position socioéconomique (PSE) (niveau d’éducation, profession et revenus) n’ont pas des niveaux équivalents d’association avec les consommations alimentaires, et leurs effets pourraient se cumuler. L’objectif était d’examiner les associations indépendantes de chaque indicateur de PSE avec les apports en nutriments et leurs effets modificateurs.

Cette analyse transversale a été menée auprès de 91 900 adultes français, inclus dans l’étude NutriNet-Santé. Les apports en nutriments ont été estimés à partir de trois enregistrements alimentaires de 24h. Les associations entre indicateurs de PSE et apports en nutriments, et les analyses stratifiées sur la PCS et l’éducation ont été évaluées par des modèles de régression linéaire ajustés sur l’âge et l’apport énergétique total.

Les individus de niveau d’éducation le plus élevé avaient des apports plus élevés en fibres, β-carotène et vitamine C (6–9 %) et moins élevés en protéines (−6 %) que ceux du niveau éducatif le plus bas. Les sujets ayant les plus hauts revenus consommaient moins de glucides complexes (−6 %) et consommaient plus de magnésium, vitamine B9 et vitamine C (+6 à +14 %) que ceux aux plus faibles revenus. Les cadres avaient des apports plus élevés en vitamine D que les ouvriers (+6 à 12 %). Des interactions significatives entre éducation et revenus ont été observées : chez les individus d’éducation faible, ceux ayant les plus hauts revenus consommaient plus de magnésium, β-carotène et vitamine B9 que ceux aux revenus les plus bas, alors qu’aucune différence n’a été observée chez ceux du niveau d’éducation supérieur. Chez les hommes, les ouvriers et les employés aux hauts revenus consommaient plus de potassium alors qu’aucune différence n’était observée chez les cadres.

Chaque indicateur était associé à des différences spécifiques au niveau des apports en nutriments, suggérant que les disparités sociales en nutrition résultent de mécanismes complexes.