Le Brésil a instauré en 1988 le système unique de santé (SUS) sur le modèle du NHS britannique. Les soins sont en principe accessibles à tous gratuitement sur tout le territoire. Sachant que pour le suivi des diabétiques, il est recommandé de doser l’HbA1c au moins deux fois par an pour évaluer le contrôle glycémique, nous avons voulu vérifier que cela était au moins théoriquement possible dans l’état de Pernambouc (PE), situé dans la région Nord-Est, une des moins développées du pays, où l’on estime qu’il y a environ 460 000 diabétiques connus.

Nous avons mené une enquête téléphonique auprès des 119 laboratoires d’analyses médicales (LAM) de PE ayant déclaré au système d’information du SUS au moins un dosage d’HbA1c en 2011.

Parmi les 109 qui ont répondu, 63 ont déclaré faire seulement le prélèvement sanguin et l’acheminer pour dosage vers un autre LAM, dont 28 n’étaient pas sur la liste initiale, soit un total de 137 « lieux » où pouvait être réalisé, directement ou indirectement, le dosage de l’HbA1c (en moyenne un « lieu » pour 3360 diabétiques). L’accès à ces « lieux » était très inégal territorialement, avec un accès proche de la moyenne de l’état pour la région métropolitaine de la capitale, Recife, mais très inférieur à la moyenne dans les deux autres plus grandes villes de l’état, et parfois curieusement supérieur à la moyenne autour de certaines villes de province. En termes de capacité de dosage, les réponses des LAM sur leur propre activité ont permis de l’estimer à environ 260 000 par an, ce qui correspond à un quart de la demande théorique (deux dosages par an et par diabétique).

Ces résultats montrent clairement que les diabétiques de PE ne peuvent pas être suivis de façon conforme aux recommandations pour le dosage de l’HbA1c.