Les leishmanioses sont un ensemble de maladies dont le complexe pathogène (parasite–vecteur–réservoir) évolue dans un espace contraint par les paramètres biogéographiques et climatiques. L’objectif de ce travail est d’identifier les facteurs climatiques qui ont contribué à l’émergence du foyer de Ain Skhouna dans la zone humide du Chott Ech Chergui (sud-ouest).

L’incidence des cas de leishmaniose cutanée, pour la période 1990–2009, a été croisée avec des données climatiques : les données météorologiques (moyennes mensuelles de la température moyenne minimale et maximale, et des quantités de précipitations mensuelles) obtenues par interpolation spatiale à partir de quatre stations météorologiques voisines ; la densité de la végétation à travers la différence normalisée de l’indice de végétation (NDVI). Toutes ces données ont été synchronisées à des pas de temps mensuels pour former des séries chronologiques correspondant aux données climatiques.

Il ressort de l’analyse que la période de faible incidence de la maladie (1990–1999) coïncide avec une sécheresse allant de mai à novembre et des conditions humides de décembre à mars. La période de forte incidence (2000–2009), atteignant des pics annuels de 38 cas pour 1000 habitants, est caractérisée par un automne et un hiver très pluvieux suivis par un printemps relativement sec et un été très sec. Ainsi, des pluies abondantes favorisant la végétation et par conséquent, la prolifération des rongeurs et des vecteurs inféodés à leurs terriers.

Les prévisions climatologiques à moyen terme et le suivi par satellite du couvert végétal sont des outils indispensables pour mettre au point un système d’alerte de la leishmaniose cutanée.