L’approche communautaire est une démarche sur laquelle d’énormes espoirs sont fondés pour vaincre le double fardeau des maladies transmissibles et non transmissibles. Ainsi, la détection par la population de situations de rupture entre « le normal » et « l’anormal » peut servir de base pour les systèmes de veille sanitaire (epidemic intelligence). L’objectif de ce travail est de tester un modèle de système de veille centrée sur la leishmaniose cutanée de type Infantum dans le foyer de Draa El Mizan (Algérie du Nord), s’appuyant sur la communauté.

Le système de veille s’est appuyé sur des informateurs clés, issus de la population, préalablement formés à l’éducation pour la santé sur la question de la leishmaniose cutanée. Trois veilleurs principaux, secondés par des réseaux secondaires scrutent l’environnement et signalent les situations « anormales », à savoir : pollution organique, densité et circulation des populations de réservoirs (chiens) et de vecteurs (le phlébotome). L’information primaire constitue l’objet d’une alerte brute, non validée ; une sorte de rumeur. Cette alerte est donnée par short message system (SMS) aux services d’hygiène communale pour validation ou rejet.

Cette expérimentation, mise en place au printemps 2013, a permis de générer 32 SMS aux services techniques donnant lieu à 10 interventions. L’engagement des acteurs locaux constitue des leviers pour mettre en place des réseaux de « veilleurs » en direction des facteurs de risque, selon les composantes de la chaîne de transmission : vecteur, réservoir, hôte réceptif et environnement.

La communauté est au centre du principe de participation pour détecter les changements qui surviennent dans l’environnement et peut constituer un facteur-clé de succès pour minimiser les risques sanitaires.