L’objectif de ce travail est d’apporter un éclairage sur la prise en charge des réactions d’hypersensibilité médicamenteuse par le médecin généraliste, et en particulier de la notion « d’allergique à un médicament » rapportée par les patients. Nous avons voulu apprécier sa compréhension des réactions d’hypersensibilité, ses craintes pour la gestion, et ses attentes.

Enquête descriptive observationnelle auprès de 2836 médecins généralistes de la région Rhône-Alpes par un questionnaire en ligne.

Deux cents soixante-seize réponses sont obtenues (taux de réponse 13,8 %). En pratique le diagnostic d’allergie est rarement porté avec certitude : des tests sont demandés par 56 % des praticiens interrogés, et plus de 80 % des malades ayant déclaré un accident d’allure allergique au médicament sont finalement qualifiés d’allergiques et contre-indiqués à la reprise du médicament. Concernant la compréhension et les craintes, il existe un déficit de formation médicale dans la thématique de la gestion d’un patient hypersensible au médicament : plus de 4 praticiens sur 10 n’ont jamais réalisé de formation sur l’hypersensibilité au médicament, alors que la grande majorité des praticiens interrogés dans le travail reconnaissait ce besoin. Enfin, l’anxiété des médecins et la difficulté d’accès à un avis spécialisé sont 2 freins significatifs et indépendants à une prise en charge idéale.

Notre travail suggère que la formation et l’éducation des praticiens, ainsi que l’existence de référents de proximité spécialisés dans la prise en charge de l’hypersensibilité au médicament sont les deux leviers pour une amélioration de la prise en charge des hypersensibilités médicamenteuses en médecine générale.

The aim of this work was to shed light on the management of drug hypersensitivity reactions by a general practitioner, and in particular the notion of “drug allergy” reported by patients. We wanted to assess his understanding of hypersensitivity reactions, his fears for management, and his expectations.

This was a descriptive, observational survey using an online questionnaire. It included contact with 2836 general practitioners in the Rhone-Alpes region.

Two hundred and seventy-six responses were obtained (a 13.8% response rate). In these practices, the diagnosis of an allergy is rarely made with certainty; tests were requested by only 56% of the practitioners. Over 80% of the patients reporting drug hypersensitivity were considered to be allergic, and for them, taking the drug was counter-indicated thereafter. Regarding understanding and fears, there is a gap in the management of patients with drug hypersensitity in medical education: more than 4 out of 10 practitioners have never studied drug hypersensitivity, and the vast majority of the practitioners participating in this study recognized this need. Finally, the doctors’ anxiety and the difficulty of their access to expert advice are two significant and independent obstacles to ideal management of this type of reaction.

Analysis of our work suggests that further training and education of general practitioners and the availability of local specialists in the management of drug hypersensitivity are the levers for improved management of drug hypersensitivities in general practice.