La fiabilité des dosages biologiques des TSH, T3l et T4l est essentielle pour identifier les pathologies thyroïdiennes et mettre en place un traitement adéquat. Les différentes techniques de dosage du bilan thyroïdien utilisent très largement le complexe streptavidine – anticorps biotinylés, or ce dernier peut être susceptible à des interférences.

Nous rapportons un cas de bilan thyroïdien faussement perturbé suite à l’administration d’un traitement par biotine pour une sclérose en plaque. Une patiente de 77ans s’est vue découvrir une hyperthyroïdie majeure avec positivité des anticorps anti-récepteur de la TSH évoquant une maladie de Basedow. La patiente était asymptomatique et devant cette discordance clinico-biologique, une interférence de dosage par la biotine a été évoquée. Après une suspension du traitement de 72h, le bilan thyroïdien s’est normalisé avec des anticorps négatifs.

La biotine ou vitamine B8, est principalement utilisée comme traitement d’appoint dans l’alopécie. Néanmoins, elle est utilisée depuis peu dans la sclérose en plaque et on peut s’attendre à une augmentation de la prescription de biotine dans cette pathologie. Des concentrations supra-physiologiques sériques en biotine peuvent induire des interférences de dosages biologiques (anticorps compris) et mener à des diagnostics erronés. Le bilan se normalise après arrêt du traitement (en règle 48h). Tout comme la recherche de surcharge iodée médicamenteuse, il est important de rechercher une supplémentation en biotine et rester vigilant dans l’interprétation des bilans thyroïdiens. Une interruption transitoire de 48h–72h (voire plus en cas d’insuffisance rénale) est conseillée pour interpréter le bilan thyroïdien.