Lésion cæcale pseudo-tumorale chez un patient hémodialysé : quel est votre diagnostic ? - 20/09/16
Résumé |
Introduction |
Les lésions hémorragiques et (pré)cancéreuses du tractus gastro-intestinal sont fréquentes chez le patient dialysé. Des agents médicamenteux peuvent aussi être directement impliqués, comme l’illustre le cas clinique présenté.
Observation |
Un patient de 73ans, en hémodialyse chronique depuis 5ans pour néphroangiosclérose d’origine hypertensive, se présente aux urgences pour des douleurs abdominales en fosse iliaque droite, d’apparition récente, sans trouble du transit associé ni altération de l’état général. Il présente un diabète de type 2, une cardiopathie ischémique stentée et un ulcère bulbaire récidivant. Il prend 2×800mg/j de carbonate de sévélamer (Renvela®) depuis 7 mois pour contrôler son hyperphosphorémie. À l’admission, on note un léger syndrome inflammatoire (CRP 100mg/L, leucocytose 11 800/mm3) et le scanner montre uniquement un épaississement des parois cæcales et de la graisse péri-cæcale. Après 1 semaine d’Augmentin® conduisant à une amélioration des symptômes, la colonoscopie met en évidence une tumeur ulcérée, de taille moyenne, non hémorragique au niveau du cæcum. Les biopsies montrent de multiples fragments d’une muqueuse largement ulcérée, caractérisée par une désépithélisation comblée par un exsudat fibrino-leucocytaire riche en polynucléaires neutrophiles. À cet exsudat et en surface de l’épithélium colique, sont mêlés des cristaux de couleur éosinophile à jaunâtre ; leur surface est irrégulière, en « écaille de poisson ». L’image histologique est compatible avec une colopathie liée au sévélamer, décrite pour la 1re fois en 2013 [1 ]. L’état du patient s’améliore rapidement après l’arrêt du Renvela®. La colonoscopie de contrôle à 3 mois confirme l’évolution favorable de l’ulcère cæcal et les biopsies à ce niveau ne montrent plus la présence de cristaux de sévélamer.
Discussion |
À ce jour, moins de 10 cas ont été publiés chez des patients adultes dialysés, décrivant des complications liées au sévélamer (hémorragie, perforation, colite ischémique). La présence de cristaux de ce chélateur non calcique dans la muqueuse du tractus digestif (œsophage, intestin grêle ou côlon) confirme le diagnostic.
Conclusion |
Le diagnostic de colopathie liée au sévélamer doit être évoqué chez tout patient dialysé chronique présentant un tableau de douleurs abdominales avec ou sans imagerie probante afin d’éviter des investigations inutiles et coûteuses.
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Vol 12 - N° 5
P. 332 - septembre 2016 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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