La division du foramen jugulaire en compartiments est sujet à controverse. Le but de ce travail était d’analyser la compartimentation du foramen jugulaire à la lumière du concept d’espace interpériostéodural. L’organisation durale du foramen jugulaire laisse apparaître pour certains, deux compartiments séparés par un tissu fibreux ou fibro-osseux : l’un antéro-médial ou pars nervosa, contenant le nerf glossopharyngien (IX) et le sinus pétreux inférieur ; l’autre postéro-latéral ou pars vascularis, plus large, contenant le bulbe supérieur de la veine jugulaire interne, les nerfs vague (X) et accessoire (XI) et l’artère méningée postérieure. D’autres, comme Ayeni, nient la notion de compartiments au niveau du foramen jugulaire. Pour certains enfin, il existe trois compartiments séparés par de la dure-mère : un compartiment antéro-médial ou pétreux contenant le sinus pétreux inférieur, un compartiment dorsolatéral ou sigmoïdien contenant le bulbe supérieur de la veine jugulaire interne et un compartiment central ou intrajugulaire ou neural, traversé par les IX, X et XI, les foramen de ces nerfs étant séparés par un septum dural.

Douze têtes de cadavres ont été fixées au formol (10 %) dont 8 injectées au latex-néoprène (PERCAN 671A) et 2 à la gélatine colorés à l’encre de chine (système artériel rouge, système veineux bleu). Trois sujets ont été traités pendant 3 mois à l’eau oxygénée, permettant la réalisation de coupes coronales et axiales. Les macrophotographies ont été réalisées au boîtier 6X6 Hasselblad 500 avec dos numérique et/ou dos argentique (film Fuji Velvia 120, 50ASA, secondairement numérisé).

Le sinus sigmoïde était situé dans un espace interperiostéodural jusqu’à sa terminaison située en arrière et au-dessous des X et XI. Le sinus pétreux inférieur – lui-même situé dans un espace identique – se terminait en avant et au-dessous du IX. L’orifice de pénétration durale du X était d’aspect cribriforme, contrairement à celui du XI, unique. Ces deux nerfs étaient cintrés, en haut, par un ligament arciforme de dure-mère encéphalique similaire au ligament falciforme du nerf optique. Au-delà de ces orifices, les X et XI n’étaient plus gainés de dure-mère encéphalique et devenaient verticaux, dans une gaine durale unique. La gaine durale encéphalique du IX se poursuivait, elle, sur 3mm environ, au-dessus de la jonction sinus pétreux inférieur-sinus sigmoïde. Au-delà, seule une gaine périostée l’accompagnait dans son segment vertical. Cette gaine periostée émettait un ligament dural horizontal surplombant les X et XI.

Tel que nous l’avons observé, sur son versant endocrânien, et à la lumière du concept interpériosteodural, le foramen jugulaire paraissait divisé en quatre compartiments.