Le présent article vise à décrire l'épidémiologie et ses méthodes appliquées aux problèmes de santé mentale ainsi que les principaux résultats quant à la prévalence des problèmes de santé mentale, leur distribution et certains facteurs de risque. L'épidémiologie des troubles mentaux utilise les méthodes de l'épidémiologie : elle suit les mêmes règles concernant la sélection des échantillons et la rigueur statistique nécessaire pour les analyses. Le taux de réponse est particulièrement important dans ces enquêtes en ce que la propension à répondre peut être liée à la santé mentale de la personne que l'on sollicite, la poussant à répondre ou au contraire à éviter de rencontrer l'interviewer. L'épidémiologie psychiatrique possède ses propres instruments : échelles et instruments diagnostiques standardisés : utilisables par des enquêteurs sans formation clinique tels que le Composite International Diagnostic Interview ou sa forme abrégée dite Short Form ainsi que des instruments diagnostiques utilisables par des cliniciens expérimentés et eux-mêmes formés à l'instrument et qui dans ce cas en représentent le standard clinique. Ces instruments existent aussi pour les enfants et les adolescents : le Strengths and Difficulties Questionnaire et le Development and Well-Being Assessment ont été traduits en français et utilisés dans des enquêtes en France et en Europe. L'utilisation de méthodes rigoureuses permet des comparaisons dans le temps et dans l'espace des prévalences et facteurs de risque. L'épidémiologie peut aussi évaluer l'utilisation des soins tant dans les enquêtes que dans les banques de données de l'Assurance maladie et les recueils liés à l'hospitalisation. Ce faisant elle peut contribuer à la mise en place de l'organisation des soins sur les territoires à différentes échelles pour autant que les décideurs soient ouverts à son utilisation et son développement. En France, l'épidémiologie est à la fois relativement développée dans la mesure où plusieurs enquêtes ont été conduites suivant les règles admises par la communauté scientifique ; en revanche, elles ne sont pas renouvelées à l'exception du baromètre santé qui ne couvre que les troubles dépressifs et les consommations de produits toxiques.