Évaluation rapide du risque de dysphagie après intubation en soins intensifs - 14/10/16
Résumé |
Introduction et but de l’étude |
L’intubation et la ventilation mécanique prolongée peuvent compromettre la déglutition du patient de réanimation. Les dysphagies qui en découlent augmentent le risque de fausses voies et de pneumopathies d’inhalation. La méthode de référence pour le dépistage des troubles de déglutition nécessite une fibroscopie réalisée par un médecin ORL. Le but de cette étude a été de rechercher une corrélation entre le score PAS [1 ] mesuré lors d’une fibroscopie et le score obtenu lors d’un bilan kinésithérapique rapide en 10 points, dont une valeur inférieure à 17/20 indique un risque de fausse voie [2 ].
Matériel et méthodes |
Patients hospitalisés en réanimation, âgés d’au moins 18ans ayant nécessité intubation et ventilation mécanique pendant au moins 24heures entre décembre 2014 et mai 2015 étaient éligibles, en l’absence de trouble de déglutition préalable, d’altération de la conscience, de cancer ou de chirurgie ORL récente. Les patients ont été soumis à une fibroscopie réalisée au maximum 36heures après l’extubation, et à un bilan kinésithérapique, soit une évaluation fonctionnelle basée sur dix critères, réalisée maximum 48heures après l’extubation. La concordance entre les résultats du bilan kiné et le score PAS calculé lors de la fibroscopie a été évaluée par la détermination des sensibilités, spécificités, valeurs prédictives positive et négative, complétés par un test de Khi2 et un test kappa.
Résultats et analyse statistique |
Après obtention d’un consentement éclairé, 52 patients, dont 35 hommes, admis pour raison de type chirurgical (n=29) ou médical (n=23) ont été inclus. Le bilan kiné a pu être réalisé chez tous les patients, et a nécessité moins de 5minutes. Un risque de trouble de déglutition était présent chez 33 % des patients d’après le score fibroscopique PAS, pour 62 % par le bilan kinésithérapique, et était majoré en proportion de la durée d’intubation. Par rapport à la fibroscopie, la sensibilité et la spécificité du bilan kinésithérapique ont été de 100 % et de 61 %, soit des valeurs prédictives positive et négative de 57 et 100 % (p<0,01). Parmi les items du bilan kinésithérapique, l’état cognitif, la tenue de la tête et la force labiale sont les variables les plus prédictives.
Conclusion |
La réalisation d’un bilan kinésithérapique fonctionnel rapide après l’extubation d’un patient ventilé permet de détecter un risque de troubles de déglutition. Une rééducation spécifique et l’utilisation de solutions de nutrition à texture adaptée devrait être préconisée dans ces situations. En cas de bilan kinésithérapique négatif, la réalisation de fibroscopie ne paraît pas nécessaire à l’évaluation du risque de trouble de la déglutition après intubation.
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Vol 30 - N° 3
P. 234 - septembre 2016 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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