L’altération de l’état nutritionnel précédant l’initiation d’une chimiothérapie favorise la survenue d’effets secondaires liés à une toxicité plus importante de celle-ci. Le but de cette étude était d’évaluer si l’état nutritionnel a une influence sur la dose de trabectedine administrée en seconde ligne chez des patients atteints de sarcomes métastatiques.

Cette étude rétrospective monocentrique, concernait des patients adultes atteints de sarcome métastatique et traités en seconde ligne par trabectedine entre janvier 2010 et décembre 2014. L’indice de performance (PF) coté selon l’OMS (de 0=normal à 3=alité ou en chaise plus de 50 % du temps), l’indice de masse corporelle (IMC) et la concentration sérique d’albumine évalués avant l’initiation de la chimiothérapie ont été relevés. L’intensité de dose (ID) de chimiothérapie après trois cures a été calculée en faisant le rapport entre la dose administrée et la dose théorique optimale (1,5mg/m²). Une ID de 100 % correspondait par conséquent à l’administration de la totalité de la dose prévue.

Les dossiers de 103 patients (47 F et 57 H) âgés de 54,8±13,8ans (moyenne±SD) ont été analysés. La répartition de l’ID par quartile était la suivante : Q1≤67 % ; 67 %<87 %, 87 %<96 % ; 96 %<100 %. Il existait une relation entre le PF et le quartile d’ID (p=0,009 ; Chi²). Les patients du Q1 avaient une albuminémie diminuée par rapport aux autres (Q2 à Q4) (34,2±6,7g/L contre 39,0±5,1g/L ; p=0,001 ; test t), mais leurs poids n’étaient pas significativement différents (73,7±15,0kg contre 79,6±18,5kg ; p=0,146), et leurs âges étaient comparables (54,7±13,6ans contre 54,8±13,9ans ; p=0,96). Seul 42 % des patients ayant une albuminémie<35g/L avaient une ID>67 % alors que cela concernait 84 % des patients avec une albuminémie>35g/L (p=0,001 ; Chi²). Il existait une corrélation entre l’albumine et l’ID (r=0,358 ; p=0,02 ; Pearson).

Ce travail montre qu’un quart de la population traitée par trabectedine ne recevait que deux tiers ou moins de la dose de chimiothérapie initialement prévue. Chez ces patients, une albuminémie<35g/L apparaissait comme un facteur déterminant dans la diminution de dose de chimiothérapie reçue. Ces résultats justifient qu’on prête une attention particulière à ces patients en leur proposant une prise en charge nutritionnelle dès l’initiation de cette chimiothérapie.