Plus de la moitié des patients se déclarant allergiques n’ont pas d’allergie : étude prospective - 23/11/16
Résumé |
Introduction |
Les allergies médicamenteuses représentent un enjeu majeur de santé publique. Il existe une errance diagnostique concernant ces allergies rapportées, avec un lourd retentissement médico-économique. L’objectif de notre étude était d’évaluer la réalité clinique d’allergies médicamenteuses déclarées par les patients à l’aide des données recueillies auprès du patient et du médecin traitant.
Matériel et méthodes |
Il s’agissait d’une étude descriptive monocentrique prospective de mai 2014 à mars 2015. Tous les patients du service de dermatologie d’hospitalisation du CHU de Caen étaient interrogés à propos d’un antécédent d’allergie médicamenteuse à partir d’un questionnaire standardisé soumis aussi au médecin traitant.
Résultats |
Sur 693 patients interrogés, 100 (14,4 %) se déclaraient allergiques à un/des médicament(s), totalisant 157 allergies déclarées. Deux patients avaient une allergie vraie (1,3 %), 72 une allergie probable (45,8 %) et 83 une allergie improbable (52,9 %). Plus de la moitié des réactions rapportées étaient cutanées (51,6 %). Des données été obtenues auprès des médecins traitants pour 144 allergies. On observe une faible concordance avec les données des patients : 30,6 % des réactions avaient été constatées par le médecin traitant ou lors d’une hospitalisation, 41,0 % non constatées mais considérées comme des allergies et 28,6 % étaient infirmées par les médecins traitants. Des explorations allergiques avaient été faites dans seulement 5,1 % des cas et 10,8 % faisait l’objet d’une carte d’allergie. Parmi les 157 allergies, il y avait eu une éviction complète du médicament imputé dans 56 % des cas, avec seulement 28,9 % d’éviction dans le « groupe allergie peu ou pas probable ».
Discussion |
Pour la première fois, nous montrons que plus de la moitié des réactions médicamenteuses rapportées (52,9 %) par les patients sont non compatibles avec une réaction allergique. Les données recueillies auprès du patient sont très imprécises et non concordantes avec celles du médecin traitant. La précision de l’histoire clinique est pourtant un élément important dans la démarche diagnostique d’un évènement allergique. Nous mettons aussi en évidence un faible taux d’explorations allergologiques expliquant le faible taux d’allergies documentées. Cette prise en charge inadaptée des patients a des conséquences médico-économiques et sur l’écologie micro-biologique non négligeables.
Conclusion |
L’allergie déclarée par le patient est improbable dans plus de la moitié des cas. Il est primordial d’améliorer la prise en charge diagnostique des allergies médicamenteuses par une documentation exhaustive des allergies par le médecin traitant, par une expertise allergologique et par le port obligatoire d’une carte d’allergie informative.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Mots clés : Allergie médicamenteuse, Tests allergologiques, Toxidermie
Plan
☆ | Les illustrations et tableaux liés aux abstracts sont disponibles à l’adresse suivante : http://dx.doi.org/10.1016/j.annder.2016.10.003. |
Vol 143 - N° 12S
P. S182 - décembre 2016 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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