La trichoscopie est une technique récemment utilisée dans l’examen du cuir chevelu. Le but est d’étudier les différents signes trichoscopiques du diagnostic retenu et de les comparer à ceux de la littérature.

Une étude prospective monocentrique était menée dans le service de dermatologie du CHU de Fès, sur une période de 4ans. Étaient inclus tous les patients suivis pour pathologie du cuir chevelu. Les photos trichoscopiques étaient prises, une interprétation sémiologique des différents signes était effectuée ainsi qu’une étude de corrélation.

Au total, 420 cas étaient étudiés. L’âge moyen était de 37ans avec un sex-ratio de 0,7. Les alopécies étaient non cicatricielles dans 85 % des cas. Les diagnostics retenus étaient : l’alopécie androgéno-génétique (AAG) dans 40 % des cas ; la pelade dans 16 % des cas ; le psoriasis dans 17,9 % des cas ; la teigne dans 5 % des cas ; le lupus discoïde dans 3,5 % des cas. Les signes les plus observés étaient : le poil duveteux, l’anisotrichie et les points jaunes. L’étude de corrélation montrait que l’anisotrichie, les signes péripilaires, les cheveux en cercle étaient associés à l’AAG (p=0,001) alors que les points jaunes, les cheveux plicaturés, en points d’exclamation étaient présents dans la pelade (p<0,001). Les points et globules rouges, les squames et les vaisseaux glomérulés étaient associés au psoriasis (p<0,001) alors que les bouchons cornés étaient associés au lupus (p=0,022). Les plages rouges étaient observées dans le psoriasis (p<0,001) et le lupus (p=0,002). Les vaisseaux arborisants étaient présents dans l’ensemble des pathologies avec un résultat significatif pour le lupus. Enfin, les poils en virgule, en tire bouchons et cassés étaient significativement associés aux teignes.

Les signes trichoscopiques sont variés dans notre série. Ils correspondent à une anomalie de la tige pilaire, des orifices folliculaires ou de l’épiderme périfolliculaire. L’AAG était significativement associée aux signes péripilaires probablement dû au phototype foncé de notre région. La pelade était évoluée dans la majorité des cas ; d’où la fréquence des points jaunes. Les plages rouges témoignent de l’inflammation dermique présente dans le psoriasis et le lupus. Les poils en virgule sont un marqueur de la teigne microscopique. L’étude de corrélation était concordante avec la littérature. Cependant, elle a été limitée par le faible échantillonnage des autres pathologies ne permettant pas d’avoir des résultats significatifs.

Une bonne description des signes trichoscopiques est indispensable afin d’orienter le diagnostic devant une pathologie du cuir chevelu et de suivre l’évolution. Notre étude est la première série maghrébine qui corrèle ces différents signes au diagnostic retenu.