Une sarcoïdose compliquée d’une hypercalcémie chez une patiente psoriasique - 23/11/16
Résumé |
Introduction |
La sarcoïdose est une granulomatose multisystémique, le psoriasis (Pso) est une maladie auto-immune. L’association des deux est rare. Nous rapportons un nouveau cas.
Observations |
Patiente âgée de 48ans, aux antécédents de Pso évoluant depuis 17ans, traitée par rétinoïdes et photothérapie. Elle présentait depuis un an, des nodules sous-cutanés durs et indolores des deux avant-bras et des cuisses. L’histologie cutanée montrait la présence d’une panniculite granulomateuse. L’examen ophtalmologique trouvait uvéite antérieure de l’œil droit. L’IDR à la tuberculine montrait une anergie. Les radiographie et TDM du thorax mettaient en évidence des adénopathies hilaires et médiastinales bilatérales. Quatre mois plus tard, elle présentait une asthénie profonde avec une altération fébrile de l’état général. Le bilan biologique montrait alors une hypercalcémie (115mg/L), une hypercalcémie corrigée (29mmol/L), une hypophosphorémie (30mg/L), un taux d’albumine (26g/L), la protidémie était à 84g/L, et le taux de l’enzyme de conversion de l’angiotensine : 164UI/L (n=50–100UI/L). L’examen ophtalmologique confirmait le syndrome sec avec un test de Schirmer positif. Le scanner thoracique montrait la présence de multiples adénopathies médiastinales. Le diagnostic était donc celui de sarcoïdose multisystémique compliquée d’une hypercalcémie. La patiente était réhydratée et recevait une corticothérapie 0,5mg/kg/j. L’amélioration clinique et biologique était spectaculaire.
Discussion |
La sarcoïdose est rarement associée au Pso. Une étude de 517 patients atteints de sarcoïdose colligés pendant plus de 36ans identifie seulement quatre patients avec un Pso. La coexistence simultanée des lésions cutanées des deux affections est encore plus rare (le cas de notre patiente). L’hypercalcémie notée chez notre patiente peut être en relation avec la sarcoïdose ou avec le Pso. En effet, la sarcoïdose peut se compliquer d’une hypercalcémie dans 10 % des cas (liée à des taux circulants élevés de 1,25-dihydroxyvitamine D3 ou une production granulomateuse de la PTH). D’autre part, le calcium intracellulaire joue un rôle important dans la régulation de la prolifération et de la différenciation des kératinocytes. Le dosage du taux de calcium circulant chez 98 patients psoriasiques révèle que 37,2 % avaient une hypocalcémie et 63,7 % un taux normal. Il n’y avait pas d’hypercalcémie. Il a été suggéré aussi que les analogues de la vit D topique peuvent induire l’hypercalcémie chez des patients avec Pso étendu (le calcipotriol n’est pas incriminé chez notre patiente avec Pso minime). L’association Pso-sarcoïdose suppose une pathogénie commune impliquant les voies TH1 et TH17. D’autre part, le traitement par les anti-TNFα a été associé au développement de sarcoïdose paradoxale, chez des patients avec du rhumatisme Pso (exclue chez notre patiente naïve de tout traitement biologique).
Conclusion |
L’originalité de notre observation est la révélation d’une sarcoïdose par une hypercalcémie chez une patiente psoriasique. Des études supplémentaires sont nécessaires pour préciser les mécanismes expliquant cette association et les conséquences potentielles de ce phénomène.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Mots clés : Hypercalcémie, Psoriasis, Sarcoïdose
Plan
☆ | Les illustrations et tableaux liés aux abstracts sont disponibles à l’adresse suivante : http://dx.doi.org/10.1016/j.annder.2016.10.004. |
Vol 143 - N° 12S
P. S256 - décembre 2016 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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