Méfiez vous de l’eau qui dort… - 23/11/16
Résumé |
Observation |
Un patient de 88 ans était admis dans le service de dermatologie pour la prise en charge d’une dermo-hypodermite sévère de jambe droite. Le patient présentait une plaie d’origine post-traumatique de la face externe de jambe droite et s’était baigné en mer 4jours avant son admission. Soixante-douze heures après la baignade était apparue une douleur brutale de jambe droite avec fièvre et altération de l’état général ayant motivé l’hospitalisation. À l’examen clinique d’entrée le patient était fébrile, tachycarde, hypotendu et présentait une cellulite sévère de jambe droite avec zones purpuriques et début de décollements bulleux. L’ulcère post-traumatique de la face externe de jambe était nécrotique. Une antibiothérapie probabiliste par amoxicilline-acide clavulanique IV était débutée après la réalisation d’hémocultures. Celles-ci revenaient positives à Vibrio vulnificus multisensible. Une échographie cardiaque permettait d’éliminer une endocardite infectieuse associée. L’antibiothérapie par amoxicilline-acide clavulanique était poursuivie au vu de la sensibilité du germe, avec ajout de doxycycline compte tenu de la sévérité du tableau clinique, pour 3 semaines au total, avec une évolution clinico-biologique favorable.
Discussion |
V.vulnificus est un bacille Gram négatif proche de Vibrio cholerae, saprophyte de la flore marine. Il est responsable d’infections principalement aux États-Unis et au Japon, et de façon exceptionnelle jusqu’à présent en France métropolitaine (environ 1 cas par an). Néanmoins en 2015, l’HAS a alerté sur plusieurs cas d’infection à V. vulnificus survenus sur la côte Atlantique. V. vulnificus se rencontrant en eau modérément salée dont la température dépasse les 20°C, l’augmentation du nombre de cas pourrait être liée au réchauffement des eaux. La contamination peut se faire par voie orale chez des patients immunodéprimés après consommation de coquillages à filtre crus, avec septicémie survenant dans les 7jours suivant l’ingestion ; des lésions cutanées métastatiques sont fréquemment associées (3/4 des cas). La contamination par voie cutanée après exposition d’une plaie préexistante à l’eau de mer ou après blessure avec des produits marins, survient sans immunodépression sous-jacente. Elle est responsable d’une dermo-hypodermite nécrotique, et peut, comme dans notre cas se compliquer de bactériémie. Le pronostic est sévère, avec 50 % de mortalité.
Conclusion |
Il faut savoir évoquer une possible infection à V. vulnificus en cas de dermo-hypodermite survenant dans les suites d’une baignade en mer et connaître la sévérité potentielle de ce type d’infection. Le traitement antibiotique de choix repose normalement sur l’association céphalosporine-doxycycline.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Mots clés : Baignade, Dermo-hypodermite bactérienne, Érysipèle, Vibrio vulnificus
Plan
☆ | Les illustrations et tableaux liés aux abstracts sont disponibles à l’adresse suivante : http://dx.doi.org/10.1016/j.annder.2016.10.004. |
Vol 143 - N° 12S
P. S330 - décembre 2016 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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