Psychological flexibility, the ability to persist or change behavior even in the presence of challenging psychological events, was found as a central determinant of mental health and performance at work. Several studies showed that Acceptance and Commitment Therapy (ACT) interventions improve psychological flexibility, wellbeing and performance, and lead to lower levels of stress, depression, and burnout. To date, studies about the effects of such interventions were conducted with distressed employees, manual/technical or service workers. The aim of the present study is to evaluate the impact of an ACT intervention on psychological flexibility and wellbeing at work with leaders and senior managers, as specific populations who have to develop behavioral skills due to their positions. The evolution of psychological flexibility at work and various indicators of wellbeing in a group of 57 “high-functioning” participants receiving three 4-hours ACT sessions was compared to a control group receiving no intervention. Results of ANCOVAs showed that the ACT intervention resulted in a significant improvement in psychological flexibility at work with a moderate effect size compared to the control group, but no evolution in wellbeing in these high status participants.

Cette recherche a pour objectif d’étudier l’impact d’une intervention de thérapie d’acceptation et d’engagement (ACT) sur la flexibilité psychologique et le bien-être au travail de dirigeants et de cadres supérieurs en entreprise. L’efficacité de l’ACT a été observée sur une grande variété de troubles psychologiques dans plus de 150 essais contrôlés randomisés, ainsi que dans le domaine professionnel (A-Tjak et al., 2015). L’ACT augmente la flexibilité psychologique et améliore la santé de populations en situation de stress et de détresse psychologique au travail (Bond et Bunce, 2003 ; Bond et al., 2008). Peu d’études ont cependant été menées auprès de populations sans détresse psychologique ou chez des leaders d’entreprise familiarisés avec des démarches de développement personnel. L’objectif de cette étude est d’explorer l’utilité de l’ACT pour accroître la flexibilité psychologique de populations ayant déjà pu la développer dans leur parcours professionnel.

Cent vingt dirigeants et cadres supérieurs de cinq entreprises internationales ont participé à un atelier ACT de 3 sessions de 4heures ciblant les processus de pleine conscience, de défusion des pensées, d’acceptation des émotions et d’actions basées sur les valeurs. Une semaine avant la première session et quatre semaines après la dernière, les participants étaient évalués grâce au Work-related Acceptance and Action Questionnaire (WAAQ), à l’Acceptance and Action Questionnaire (AAQ-II), à la Mindful Attention and Awareness Scale (MAAS), à la sous-échelle de satisfaction au travail de Warr, au General Health Questionnaire (GHQ-12), à la Perceived Stress Scale (PSS10) et à l’Échelle de Satisfaction de Vie Professionnelle (ESVP). Un groupe témoin (sans intervention ACT) de 120 participants renseignait ces questionnaires selon les mêmes modalités.

Cinquante-trois participants du groupe expérimental et 27 du groupe témoin ont complété toutes les évaluations proposées. Une ANCOVA comparant l’évolution des scores pré- et post-intervention entre les groupes a mis en évidence une augmentation significative des scores à l’échelle de flexibilité psychologique au travail (WAAQ) (F(1:77)=6,98 ; p<01), avec un eta-carré de .08 (taille d’effet modérée selon les critères de Cohen). Les deux groupes n’ont pas présenté d’autres différences significatives.

Cette étude met en évidence qu’une intervention ACT de courte durée permet d’accroître la flexibilité psychologique au travail chez des sujets ne présentant pas de détresse psychologique et habitués à prendre du recul sur leur vie psychologique au travail. Il est à noter que l’intervention n’a pas eu d’impact significatif sur les échelles de stress et de santé mentale. Une intervention ACT permet de modifier les comportements afin qu’ils soient davantage en accord avec ce qui fait sens pour le sujet. Elle constitue également un moment de prise de conscience des valeurs importantes pour soi, et d’un éventuel décalage avec le contexte actuel. Ces effets contraires peuvent être à l’origine de l’absence de variations des évaluations de la satisfaction au travail. De plus, les échelles de satisfaction au travail portent sur les conditions de travail matérielles et sur l’évaluation globale de la carrière, autant d’aspects peu modifiables par une intervention psychologique. La flexibilité psychologique générale (AAQ-II) n’a de même pas évolué entre les évaluations, ce qui peut paraître surprenant étant donné l’amélioration de la flexibilité psychologique au travail. Toutefois, le WAAQ porte sur un domaine de réalisation plus restreint (la flexibilité au travail), la flexibilité globale n’ayant pas été ciblée au cours de l’atelier ACT. Enfin, l’absence de variation de la pleine conscience est cohérente avec l’objectif de l’ACT de développer la pleine conscience état, en situation et au service des valeurs, et non une compétence générale de pleine conscience (trait) telle que mesurée par la MAAS. Au final, cette étude suggère qu’une intervention ACT peut accroître la capacité à rester efficient au travail en présence de pensées et d’émotions difficiles, même pour des populations familières avec des interventions de développement personnel et ne présentant pas de difficultés psychologiques. Des études complémentaires devraient tester l’influence de l’amélioration de la flexibilité psychologique au travail sur la performance.