Les dysarthries résultent de lésions neurologiques qui dégradent la phonation, la prosodie, l’articulation et l’intelligibilité de la parole, pouvant induire de fortes répercussions psycho-sociales et émotionnelles.

Les études sur les dysarthries ont principalement porté sur des données instrumentales ou physiopathologiques. Notre étude vise à identifier les différents impacts psycho-sociaux que les dysarthries peuvent induire.

Nous avons réalisé une comparaison clinique, de qualité de la voix, d’impact psycho-social (Dysarthria Impact Profile) et de qualité de vie entre des dysarthries hyperkinétique (e.g. dystonie), hypokinétique (Parkinson), ataxique et mixte (e.g. sclérose latérale amyotrophique) ainsi qu’avec un groupe de sujets sains. Des analyses statistiques de variance, de corrélations, ainsi que des analyses factorielles discriminantes ont été réalisées, permettant d’identifier les spécificités d’impact psycho-social des dysarthries.

Les premiers résultats montrent que les patients ayant une dysarthrie mixte sont ceux qui ont la plus forte dégradation tant de la parole que de leurs fonctions cognitives et de leur qualité de vie. Toutefois, tous les patients ressentent des difficultés psycho-sociales, bien que plus importantes pour ceux qui présentent une dysarthrie mixte. Plus encore, la qualité de vie est négativement corrélée à l’impact psycho-social des dysarthries indépendamment de la perte d’intelligibilité ou d’autres fonctions.

Nos résultats montrent que, indépendamment des variables cliniquement observables comme l’altération cognitive ou la perte d’intelligibilité, les dysarthries peuvent induire des perturbations psycho-sociaux importants. Ce sont ces impacts qui contribuent le plus à la dégradation de la qualité de vie des patients, et cela tant pour des dysarthries extrapyramidales (hypokinétique et hyperkinétique) que cérébelleuses ou mixtes.

L’effet des dysarthries sur le quotidien dépend en partie de facteurs non visibles cliniquement. L’impact psycho-social évalué à partir d’auto-questionnaires pourrait être un déterminant de l’orientation vers l’orthophonie.