Expérience de suivi de l’alcoolo-dépendance en Corse du Sud : exemple du baclofène - 22/03/17
Résumé |
L’alcoolo-dépendance reste de nos jours un véritable problème de santé publique. C’est une maladie chronique, difficile à prendre en charge, dont l’arsenal thérapeutique est pauvre et d’efficacité modeste. En mars 2014, l’ANSM a accordé une recommandation temporaire d’utilisation (RTU) du baclofène dans cette indication, avec différentes modalités de prescription et de suivi à respecter. Une récente étude montrerait une restriction des prescriptions de baclofène depuis juillet 2014, en lien avec les contraintes associées à la RTU. Nous avons étudié les possibles difficultés de mise en place de celle-ci dans le centre hospitalier de Castelluccio en Corse, ainsi que le suivi des patients compte tenu des nombreuses contraintes géographiques de cette région.
Les objectifs étaient de comparer les pratiques cliniques de prescription aux recommandations de la RTU et d’étudier le suivi d’un traitement nécessitant une évaluation du bénéfice/risque régulière dans une région insulaire.
Nous avons inclus 19 patients traités par baclofène pour sevrage alcoolique de mars 2014 à juillet 2015. Nous avons comparé les pratiques cliniques de prescription aux recommandations de la RTU : critères de prescription, posologies initiales et maximales, schémas d’escalade de doses, comédications, données administratives : inscription des patients, mise en place d’avis collégial. Puis, nous nous sommes intéressés au suivi et devenir des patients à la suite de leur hospitalisation. Nous avons contacté les médecins des différentes régions de l’île afin de connaître leur devenir : Sont-ils toujours suivis ? Toujours sous baclofène ? Si oui, à quelle posologie ? Présentent-ils des effets secondaires ?
Les résultats montrent une réelle difficulté de prescrire conformément aux recommandations de la RTU. Le suivi a été réalisé chez plus d’un patient sur deux (14/19). Parmi ces 19 patients, 5 ont été perdus de vue et 12 suivis dans un centre médical spécialisé. En novembre 2015, 10 seraient toujours traités par baclofène et 9 seraient totalement abstinents.
L’arrivée du baclofène sur le marché français suscite un grand espoir dans le traitement de l’alcoolo-dépendance. Au vu de notre expérience, les contraintes liées à la RTU ne semblent pas dissuader les addictologues et le suivi des patients est maintenu, notamment grâce au relais des centres spécialisés. Cependant, les modalités de prescription et de suivi du baclofène doivent être respectées afin d’enrichir les données d’efficacité et de sécurité dans cette indication hors AMM.
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Vol 52 - N° 1
P. e28-e29 - mars 2017 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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