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Le désir et la trace : écritures de l’impensable - 18/04/17

Doi : 10.1016/j.evopsy.2015.12.005 
Luz Zapata-Reinert  : Psychanalyste, Maître de Conférences Psychopathologie clinique, Responsable CRPC-CLCS (EA 4050 site Brest) Composante Recherches en Psychopathologie Clinique
 Département de Psychologie. Clinique du Lien et Création Subjective, Faculté des Lettres et Sciences Humaines, Université de Brest, 20, rue Duquesne, CS 93837, 29238 Brest cedex 3, France 

Auteur correspondant.

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Résumé

Objectifs

L’objectif de cet article est d’interroger la fonction de la trace inconsciente dans son articulation au désir et aux effets de création. En partant du champ psychanalytique, l’article explore les domaines de l’histoire de l’art et de l’esthétique car l’art et la création (littéraire ou autre) sont dépositaires de ce qui ne peut être pensé. En revenant sur l’idée que l’artiste devance le psychanalyste, l’article se propose de dégager la fonction de l’émotion esthétique et de la création dans le traitement du réel, notamment l’émergence de l’écriture pour deux sujets : l’un analysant, l’autre écrivain.

Méthode

Cet article met en perspective trois éléments : (a) un questionnement issu de l’expérience analytique de l’auteur, où l’émotion esthétique dans le traitement du réel s’est avérée cruciale ; (b) un travail théorique sur les concepts de « trace » et de « détail », mené dans le champ de la psychanalyse, de l’esthétique et de l’histoire de l’art ; (c) un retour sur un fragment d’analyse issu de la pratique clinique de l’auteur et sur l’œuvre d’un écrivain. La méthode de cet article s’inscrit dans la tripartition même de la psychanalyse : traitement, recherche, conceptualisation ; et s’ouvre vers d’autres domaines susceptibles d’éclairer les enjeux de l’inconscient : l’esthétique, l’histoire de l’art, la littérature.

Résultats

Cet article montre l’importance de la trace dans le travail psychanalytique et dans la reconnaissance de l’inconscient. Il met en évidence la conception de l’histoire et du temps propres à la subjectivité et réaffirme que la cure, loin de chercher à combler les lacunes de la mémoire, s’attèle à une certaine déconstruction qui vise le fantasme. Parcourir ce chemin qui mène du souvenir au fantasme ne se fait pas sans un travail sur la trace et sur la pulsion qu’elle recèle. La trace, de même que le symptôme, convoque un réel pour le sujet et son interprétation concerne la vérité subjective. L’expérience analytique et l’expérience esthétique sont présentées ici dans ce qui leur est commun : elles s’orientent d’un réel. L’exploration de la trace avec l’artiste et l’historien de l’art a montré le paradoxe propre à tout traitement du réel : tantôt approchée comme histoire sédimentée, tantôt comme frappe d’une vérité, comme coupure. Il en ressort qu’il n’y a pas de traitement possible du réel sans un accueil de l’imprévu, de l’inattendu et que dans ce parcours, l’émotion esthétique est à même de tenir une fonction de nouage.

Discussion

L’article propose un travail sur la trace aux origines de la psychanalyse : les liens entre trace, inscription et vérité subjective y sont abordés. La fonction du fantasme dans le remaniement de la trace et du réel est développée. Les travaux de Carlo Ginzburg, Jacques Rancière et Daniel Arasse ouvrent le questionnement sur la trace vers le domaine de l’esthétique et de l’histoire de l’art et mettent en évidence le paradoxe propre à tout traitement du réel. La dimension esthétique de l’inconscient est développée et discutée à partir de la trace et du détail. La fonction du beau dans le rapport du sujet au réel et dans l’émergence des effets de création est interrogée à travers le témoignage d’un sujet et de l’œuvre d’Imre Kertész. L’article met l’accent sur l’idée que dans le mouvement qui va de l’esthétique à la vérité subjective se situe un enjeu éthique.

Conclusion

Cet article propose une conclusion générale qui reprend la conception de l’histoire et du temps propres à la subjectivité. Dans la question de la trace, se situe un enjeu majeur pour la reconnaissance du désir inconscient et de l’humain lui-même : la fonction de la trace renvoie à la question de la causalité et à la réponse subjective devant la rencontre du réel. L’esthétique et l’histoire de l’art ouvrent ce travail vers d’autres domaines d’efficacité de l’inconscient, la question de l’émotion esthétique se dégageant dans sa fonction spécifique de nouage.

Le texte complet de cet article est disponible en PDF.

Abstract

Objectives

The aim of this article is to explore the function of the unconscious trace in its articulations with desire and with the effects of creation. Starting from the psychoanalytic field, the article explores the areas of art history and aesthetics, since art and creation (literary or other) are the receptacles of the unthinkable. Returning to the idea that the artist is in advance of the psychoanalyst, this article proposes to distinguish the function of aesthetic emotion and creation in the way the real is processed, in particular the emergence of writing for two subjects, one the analysand and the other the writer.

Method

This article sets three elements in perspective: (a) questioning derived from the author's analytical practice, where aesthetic emotion in the processing of the real has proved crucial; (b) theoretical considerations on the notions of trace and detail set in the area of psychoanalysis, aesthetics and art history; (c) consideration of a fragment of analysis derived from the author's clinical practice, and of the works of a writer. This method is in tune with the tripartite nature of psychoanalysis itself – treatment, research, conceptualisation – and it opens up towards other domains liable to cast light on the issues of the unconscious: aesthetics, art history, literature.

Results

This article shows the importance of the trace in the psychoanalytic process and the recognition of the unconscious. It evidences the conceptions of history and time that are specific to subjectivity, and restates that the psychoanalytic cure, far from seeking to fill the gaps in memory, focuses on a form of deconstruction aimed at the subject's fantasy. Following the path from remembrance to fantasy is not possible without working on the trace and the drive that it entails. The trace, like the symptom, calls up the real for the subject, and its interpretation relates to subjective truth. The analytic experience and the aesthetic experience are presented here for what they have in common–they find their orientation from the real. The exploration of the trace with the artist or the art historian shows the paradox of any processing of “a real”: sometimes approached as a sedimented narrative, sometimes as the blow of a truth, as a break. This shows that there is no possible processing of the real without accepting the unexpected and the unforeseen, and that in this journey aesthetic emotion can have a knotting function.

Discussion

This article proposes consideration of the trace underpinning the origins of psychoanalysis. The links between the trace, its registration, and subjective truth are examined. The function of fantasy in the reshaping of the trace and the real is also explored. The work by Carlo Ginzburg, Jacques Rancière and Daniel Arasse open up the exploration of the trace towards the domains of aesthetics and art history, and evidence the paradox that is specific to any processing of the real. The aesthetic dimension of the unconscious is broached and discussed on the basis of the trace and detail. The function of beauty in the relationship of the subject with the real and the emergence of creation is explored by way of the narrative of a subject and the work by Imre Kertesz. The article focuses on the idea that in the move from aesthetics to subjective truth there is an ethical challenge.

Conclusion

The article sets out a general conclusion returning to a conception of history and time that is specific to subjectivity. In the issue of the trace, there is a major challenge for the recognition of unconscious desire and humanness itself: the function of the trace is linked to the question of causality, and subjective response in the encounter with the real. Aesthetics and art history open up these considerations towards other areas of efficacy of the unconscious, and the question of aesthetic emotion can be seen in its specific knot function.

Le texte complet de cet article est disponible en PDF.

Mots clés : Psychanalyse, Trace, Désir, Pulsion, Inconscient, Esthétique, Écriture

Keywords : Psychoanalysis, Trace, Desire, Drive, Unconscious, Aesthetics, Writing


Plan


 Toute référence à cet article doit porter mention : Zapata-Reinert L. Le désir et la trace : écritures de l’impensable. Evol Psychiatr XXXX; vol (no): pages (pour la version papier) ou URL [date de consultation] (pour la version électronique).


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