Décès sous méthadone chez une adolescente : apport de la pharmacogénétique à l’identification des causes du décès - 22/04/17
Résumé |
Objectif |
Classiquement attribués à une dépression respiratoire, les décès secondaires à une prise de méthadone peuvent également résulter d’un trouble du rythme cardiaque. Les auteurs présentent un cas de décès chez une adolescente consommant régulièrement de la méthadone, pour lequel l’étude génétique a objectivé un polymorphisme dans le gène KCNH2, précédemment décrit comme impliqué dans le syndrome du QT long chez des patients sous méthadone [1 ].
Description |
Une adolescente de 14 ans, de corpulence adulte, sans antécédent notable, consomme de la méthadone au cours d’une soirée. Retrouvée inconsciente dans la nuit, elle décède malgré les tentatives de réanimation entreprises par les secours. L’autopsie effectuée 48heures plus tard révèle un œdème pulmonaire massif. Des prélèvements à visées anatomopathologique et toxicologique ont été effectués. Une mèche de cheveux noire de 12cm a été prélevée en vertex postérieur.
Méthodes |
Les analyses ont été effectuées dans le sang cardiaque (sang périphérique absent) et l’urine par GC-MS et LC-MS/MS. L’analyse capillaire segmentaire (4×3cm) a été réalisée par LC-MS/MS. Les gènes CYP2B6, KCNE1, KCNE2, KCNQ1 et KCNH2 ont été séquencés.
Résultats |
Les analyses réalisées dans le sang révèlent la présence de méthadone à 324μg/L et d’EDDP à 92μg/L, soit des concentrations compatibles avec une prise thérapeutique [2 ]. On note également la présence de THC (1ng/mL), de THC-COOH (18ng/mL), de BZE (8,6ng/mL), d’EME (3,6ng/mL) en faveur d’une consommation de cannabis et de cocaïne dans les heures précédant le décès. L’analyse capillaire révèle la présence de méthadone (M) et d’EDDP (E) dans les 4 segments analysés (ng/mg) (Tableau 1). De faibles concentrations de marqueurs du cannabis et de la cocaïne, en faveur d’un usage occasionnel de ces produits, ont également été mises en évidence dans tous les segments de cheveux. L’examen anatomopathologique a révélé la présence d’une dysplasie ventriculaire arythmogène. Aucune mutation délétère n’a été mise évidence par le séquençage des 5 gènes analysés. Seul le polymorphisme rs1805123 (Lys897Thr) a été identifié dans le gène KCNH2.
Conclusion |
L’analyse capillaire documentant des prises répétées de méthadone pendant les 12mois ayant précédé le décès n’est pas en faveur de l’hypothèse initiale d’une dépression respiratoire secondaire à une prise de méthadone chez un sujet naïf. Par contre, le génotypage, en objectivant la présence du polymorphisme Lys897Thr dans KCNH2, a permis de soulever l’hypothèse d’un décès par trouble du rythme cardiaque provoqué par la méthadone. Une contribution éventuelle de la cocaïne et du cannabis ne peut être exclue. L’examen anatomopathologique, en révélant une dysplasie arythmogène du ventricule droit, a conforté cette hypothèse.
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Vol 29 - N° 2S
P. S18 - mai 2017 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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