Intoxication par palytoxines : attention à la manipulation des coraux d’aquarium ! - 22/04/17
Résumé |
Objectif |
Rapporter deux cas d’intoxication par palytoxines, dont un collectif, survenus lors de la manipulation de coraux mous ornementaux issus d’aquariums.
Description |
Cas no 1 : Monsieur D, 45 ans, sans antécédent médical, décide de nettoyer son aquarium domestique. Il sort les coraux mous (Palythoa heliodiscus) sans protection, les brosse puis les trempe dans un sceau d’eau tiède quelques minutes. Il replace ensuite les coraux et se rend compte de la présence d’une coupure sur sa main de 2cm. Trois heures plus tard, sa femme, âgée de 45 ans, aux antécédents d’asthme, et qui n’a pas participé au nettoyage, souffre soudain de dyspnée. Elle inhale une dose de salbutamol (Ventoline®) qui la soulage. Une heure après, le mari ressent également des difficultés à respirer qui s’améliorent après inhalation du salbutamol de sa femme. Dans l’heure qui suit, ils souffrent de tremblements, de crampes musculaires et de vertiges, puis de troubles digestifs à type de nausées et vomissements. Environ 12heures après le début des signes, les symptômes ont régressé mais une asthénie intense se développe chez les 2 patients, empêchant même le mari de se lever. À la 48e heure, une conjonctivite apparaît chez le mari, accompagnée de troubles visuels. Sa femme se plaint également de vision floue. À J4, les patients sont encore un peu asthéniques, la conjonctivite a régressé.
Cas no 2 : un chercheur de 30 ans, aux antécédents de bronchite asthmatiforme, travaillant dans un centre d’océanographie, se présente aux urgences 8heures après s’être coupé en manipulant des coraux mous (sans plus de précision) sur son lieu de travail. Il rapporte avoir présenté d’abord une irritation nasale, puis des rhinorrhées avec une dyspnée, des nausées et des vertiges. L’examen clinique effectué aux urgences retrouve une épigastralgie et une tachycardie sinusale à 115bpm. La sensation de gêne respiratoire à l’inspiration profonde du patient s’améliore après administration d’aérosols de salbutamol. À la 21e heure, les symptômes ont régressé, le patient rentre à domicile.
Discussion |
La palytoxine est une toxine marine puissante découverte en 1961 à Hawaï. À l’origine identifiée dans divers coraux mous du genre Palythoa et Zoanthus, la palytoxine et ses analogues (en anglais palytoxin-like) ont ensuite été retrouvés dans des dinoflagellés du genre Ostreopsis mais aussi dans certaines cyanobactéries. Leur présence a également été retrouvée dans des poissons et crustacés comestibles. Ces dernières années, de plus en plus d’intoxications ont lieu chez les aquariophiles. En effet, ces derniers s’intoxiquent lors du brossage et du rinçage à l’eau bouillante de leurs coraux mous effectués sans protection. Lors de ces manipulations, les toxines sont inhalées via les micro-gouttelettes ou les vapeurs dégagées. Elles peuvent même pénétrer par voie cutanée. La symptomatologie varie en fonction de la voie d’intoxication. Peuvent survenir des signes respiratoires (rhinite, toux, dyspnée) associés à des troubles neuromusculaires (vertiges, myalgies, crampes, faiblesse musculaire, paresthésies…) et des troubles digestifs (nausée, vomissement diarrhée). L’intoxication peut être sévère par ingestion d’aliments contaminés avec survenue de troubles cardiovasculaires, de convulsions, de détresse respiratoire, voire de décès. Dans tous les cas, le traitement est symptomatique [1 ].
Conclusion |
Il semble que les coraux mous du genre Palythoa et Zoanthus soient fréquemment vendus aux particuliers pour leurs qualités ornementales sans aucune précaution ou information concernant leur potentiel toxique, alors que certains spécimens peuvent contenir de grandes quantités de toxines comme l’illustrent nos cas.
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Vol 29 - N° 2S
P. S32 - mai 2017 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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