Toxicomanie à la prégabaline par voie intranasale et troubles de la conduction cardiaque - 22/04/17
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Résumé |
Objectif |
La prégabaline est un médicament antiépileptique également utilisé dans le traitement des troubles anxieux généralisés et des douleurs neuropathiques. Récemment ont été décrits des cas de dépendance à cette molécule. Nous rapportons un cas inhabituel de toxicomanie à la prégabaline.
Description du cas |
Un homme de 34 ans est hospitalisé suite à la prise volontaire de paracétamol et de clonazépam per os, ainsi que 6 comprimés de prégabaline pilés par voie nasale. Dans ses antécédents, on retrouve un asthme, une toxicomanie à l’héroïne substituée par buprénorphine arrêtée depuis deux mois. À l’admission, le patient est somnolent. Cinq heures après apparaissent à l’ECG des troubles de conduction type BAV 2 type Luciani-Wenckebach, une FC à 55b/min. Le bilan hépatique est normal, la kaliémie à 4,04mmol/L, la paracétamolémie<10mg/L. Il n’a pas été réalisé de dosage de la prégabaline. L’échographie cardiaque met en évidence une fonction systolique ventriculaire gauche normale sans troubles de la cinétique pariétale ni argument pour une endocardite. Le patient déclare s’administrer la prégabaline par voie nasale depuis plusieurs mois. Dans les 36h suivantes, il présente une alternance de BAV 2 (type Luciani-Wenckebach) et de rythme sinusal avec BAV 1.
Discussion |
La prégabaline est un analogue du GABA sans action directe sur le récepteur GABAergique, ayant une action sur les canaux calciques voltage-dépendants. L’absorption orale est rapide (pic à 1h) et la demi-vie courte (6,3h). Aucune information sur la cinétique par voie intranasale n’a été retrouvée. En cas d’intoxication, les symptômes les plus fréquemment rapportés sont les suivants : somnolence, céphalées, tachycardie, tremblements, convulsions, coma. La base européenne Eudravigilance rapportait en octobre 2016, sur 2266 effets indésirables cardiaques avec la prégabaline, 10 cas de BAV 1, 12 cas de BAV 2, 20 cas de BAV complet et 21 cas de BAV sans précision [1 ]. L’interrogation de la base nationale de pharmacovigilance retrouvait 5 cas de BAV, tous dans un contexte thérapeutique, un seul en surdosage mineur. Ces effets étaient décrits après administration orale, et probablement en rapport avec l’action de la molécule sur les canaux calciques. En raison de signalements de cas d’abus ou de dépendance, cette molécule bénéficie depuis 2013 d’un suivi d’addictovigilance. En juin 2016, l’ANSM a publié une information concernant les risques d’abus, de mésusage et de pharmacodépendance liés à l’utilisation de prégabaline. Un des facteurs associés à l’abus était la prise de méthadone [2 ]. Une revue récente de la littérature montre que l’usage détourné de la prégabaline est en augmentation chez les toxicomanes aux opiacés : des détournements de la voie d’administration, voies intranasale ou intraveineuse, ont été rapportés [3 ].
Conclusion |
Parmi les effets secondaires de la prégabaline, les troubles de la conduction cardiaque restent préoccupants. Les cas de dépendance à cette molécule sont de plus en plus décrits, le plus souvent chez les patients traités pour des douleurs chroniques, mais aussi chez les toxicomanes pour les effets euphorisants et dissociatifs.
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Vol 29 - N° 2S
P. S37-S38 - mai 2017 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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