Mort soudaine par hématome épiglottique spontané secondaire à un surdosage par traitement anticoagulant par warfarine - 22/04/17
Résumé |
Introduction |
Nous présentons le cas rare d’un décès soudain d’un homme ayant développé un hématome épiglottique spontané secondaire à un traitement par warfarine.
Description du cas |
Devant la présence de sang dans l’urine, un homme de 67 ans est traité par son médecin par antibiothérapie par ofloxacine pour suspicion d’infection urinaire. Le lendemain, il se présente aux urgences pour mal de gorge et douleur à la déglutition. Il rentre à domicile avec une suspicion de pharyngite et un traitement par paracétamol. Deux jours après, il est retrouvé mort à son domicile. L’autopsie montre des signes d’asphyxie, un gonflement du cou de couleur violacée-noir associé à un hématome épiglottique obstruant les voies aériennes supérieures, de nombreuses hémorragies intra-abdominales et du sang dans les voies urinaires. Des prélèvements à visée toxicologique sont envoyés au laboratoire.
Méthodes |
Un criblage toxicologique par HPLC-UV/BD est réalisé sur le sang cardiaque, le sang périphérique, le contenu gastrique et la bile. Le dosage de l’éthanol par GC-FID et des stupéfiants par GC-MS et LC-MS/MS est également réalisé.
Résultats |
Les analyses toxicologiques montrent la présence de warfarine dans le sang périphériqueet le sang cardiaque aux concentrations respectives de 8,4mg/L et 9,5mg/L ainsi que dans le contenu gastrique. La warfarine n’est pas retrouvée dans la bile. Le paracétamol est identifié dans le sang. Le criblage met également en évidence la présence d’ofloxacine dans le contenu gastrique et la bile.
Conclusion |
Cet homme a présenté un hématome épiglottique avec une obstruction des voies aériennes supérieures secondaire à un surdosage en warfarine. Le traitement par warfarine n’était pas connu au moment de l’autopsie. Après recherche, la police a retrouvé une ordonnance mentionnant une prescription de Coumadine©. Entre 1950 et 2015, seulement 34 cas d’hémorragies des voies aériennes supérieures ont été rapportés dont seulement 2 avec localisation épiglottique. Chez cet homme, de nombreux facteurs ont pu contribuer à la survenue de cet hématome épiglottique : une interaction médicamenteuse entre warfarine et ofloxacine, des antécédents d’ischémie myocardique et probablement une mauvaise éducation thérapeutique. L’INR (International Normalized Ratio) n’a pas pu être calculé sur l’échantillon de sang post-mortem. Bien qu’il ne semble pas y avoir de corrélation entre la concentration sanguine en warfarine et l’INR [1 ], un INR entre 4 et 4,5 pourrait correspondre à une concentration plasmatique de warfarine entre 0,5 et 3mg/L [2 ]. Cet homme avait une concentration sanguine en warfarine de 8,4mg/L qui suppose un INR bien supérieur à 4,5. Un INR supérieur à 4,5 a un risque significatif de saignement sans efficacité supplémentaire dans la prévention de la thromboembolie [3 ]. L’origine précise du surdosage en warfarine n’est cependant pas déterminée et des investigations policières sont nécessaires pour déterminer si ce surdosage est d’origine accidentelle, suicidaire ou criminelle.
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Vol 29 - N° 2S
P. S48 - mai 2017 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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