Intoxication à l’éthylène-glycol et interférence sur le dosage des lactates : piège ou aide ? - 22/04/17
Résumé |
Objectif |
Présenter un cas illustrant la difficulté de gestion du traitement d’une intoxication par éthylène-glycol (EG) en l’absence de dosage spécifique disponible en urgence, et discuter de la place de l’interférence observée avec certaines méthodes de dosage des lactates sanguins dans ce contexte.
Description du cas |
Une patiente de 47 ans, sans antécédent particulier, est admise en réanimation médicale aux hôpitaux civils de Colmar (HCC) pour intoxication volontaire à l’insuline (injection sous-cutanée, glycémie capillaire indosable) et coma. À l’admission, la présence d’une acidose métabolique à trou anionique élevé, associée à un important trou osmolaire, évoque une co-intoxication par un alcool osmotique non éthanolique (éthanolémie<0,1g/L). Un traitement par fomépizole et dialyse (séance de 6h), rapidement instauré, permet le réveil de la patiente en quelques heures. À la fin de la séance de dialyse, l’état clinique est rassurant, l’acidose métabolique est corrigée et le trou osmolaire normalisé. L’intoxication massive par alcool osmotique sera confirmée quelques jours plus tard par le laboratoire du CHU de Limoges (EG sanguin : 6534mg/L 6h après l’ingestion de 60mL de liquide de refroidissement, la prise ayant été avouée par la patiente à son réveil) avec persistance d’une concentration élevée en fin de dialyse (1126mg/L). Par ailleurs, notre attention est attirée par une importante discordance entre les lactatémies mesurées par les différentes techniques.
Méthode |
Trois dosages successifs de la lactatémie ont été réalisés au laboratoire des HCC sur deux automates : un automate à gaz du sang ABL 825 (Radiometer®) et un automate de biochimie Cobas c6OOO (Roche®). Ces dosages ont été réalisés dans un second temps sur Dimension Vista 1500 (Siemens®) au laboratoire de l’hôpital de Hautepierre à Strasbourg.
Résultats |
La discordance des résultats de lactatémie sur les trois prélèvements suggère la présence d’une interférence analytique (Tableau 1).
L’interférence observée à différents degrés sur de nombreux systèmes analytiques utilisant une lactate oxydase est liée à une parenté de structure entre la molécule de lactate et les acides glycolique et glyoxalique, métabolites de l’EG [1 ], et peut orienter à tort le clinicien vers une hyperlactatémie. Les systèmes utilisant une lactate déshydrogénase ne semblent pas concernés par cette interférence.
Conclusion |
La mise en évidence d’une telle discordance doit amener le biologiste et le clinicien à se poser la question d’une éventuelle intoxication à l’EG. Par ailleurs, en l’absence de dosage spécifique disponible en urgence, celle-ci pourrait être utilisée avec beaucoup de précautions pour guider la poursuite du traitement épurateur en tant que marqueur d’une présence résiduelle de métabolites toxiques dialysables de l’EG.
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Vol 29 - N° 2S
P. S58 - mai 2017 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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