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L’arrivée des opioïdes de synthèse en France, un signal d’addictovigilance à surveiller : illustration par un cas clinique - 22/04/17

Doi : 10.1016/j.toxac.2017.03.087 
T.-V. Bui 1, A. Batisse 1, , M. Marillier 1, E. Bourgogne 2, S. Djezzar 1, B. Megarbane 3
1 Centre d’évaluation et d’information sur la pharmacodépendance-addictovigilance, Paris, France 
2 Laboratoire de toxicologie, hôpital Lariboisière, AP–HP, Paris, France 
3 Réanimation médicale et toxicologique, hôpital Lariboisière, université Paris-Diderot, Inserm UMRS-1144, Paris, France 

Auteur correspondant.

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Résumé

Objectif

Présenter ce qui pourrait être le premier cas original documenté d’intoxication à un opioïde de synthèse peu connu, le U-47700, afin de sensibiliser le corps médical à l’arrivée de ces nouvelles drogues et de leurs particularités.

Description du cas

Une femme de 38 ans est retrouvée en arrêt respiratoire par son compagnon. Les premiers secours pratiquent un massage cardiaque et une ventilation au masque en attendant l’arrivée du SMUR. Le premier examen médical, 6min plus tard, retrouve un syndrome opioïde franc associant coma (score de Glasgow à 3), myosis bilatéral symétrique et bradypnée marquée (4 bpm). L’injection titrée d’1mg de naloxone permet un réveil complet de la patiente qui est transférée en réanimation. Après une perfusion IV de 12h de naloxone à un débit adapté à son état de conscience et à sa fréquence respiratoire (dose totale : 4mg), la patiente quitte le service. Elle explique avoir consommé volontairement, à visée récréative, des drogues de synthèse achetées sur Internet, la 2-MMC (2-méthylmethcathinone) et le U-47700 (opioïde). Elle déclare ne pas être consommatrice habituelle de substances psychoactives illicites mais avoir acheté ces produits sur les conseils d’une connaissance dans le but de se donner un coup de « boost » et d’affronter des difficultés. Elle avait pris l’U-47700 par voie nasale à 4 reprises sur une période de deux heures car les effets s’estompaient rapidement. Elle rapporte, par ailleurs, un terrain anxio-dépressif depuis l’enfance, une alcoolodépendance sevrée depuis deux ans et l’usage de benzodiazépines dans les moments d’angoisse.

Méthodes

Un screening immunologique complété par un screening en GC-MS ont été réalisés dans l’échantillon urinaire prélevé quelques heures après l’intoxication. Une recherche bibliographique et les données d’Addictovigilance en France sur le U-47700 complètent le dossier.

Résultats

Les analyses urinaires montrent la présence de son traitement habituel (fluoxétine et benzodiazépines) et de méphédrone, mais pas de buprénorphine, de méthadone, d’opiacés naturels, de fentanyl, de tramadol ni de dextropropoxyphène, contrastant avec le tableau clinique d’intoxication aux opioïdes. L’achat sur Internet de U-47700 et la négativité des analyses toxicologiques en opioïdes sont deux arguments en faveur de la consommation d’un opioïde de synthèse. Treize publications montrent les données sur le U-47700 ou trans-3,4-dichloro-N-(2-(dimethylamino) cyclohexyl)-N-methylbenzamide. Cet opioïde, développé par l’industrie pharmaceutique, est un isomère structurel du AH-7921. Agoniste sélectif des récepteurs μ-opioïdes, il a montré chez l’animal une puissance 7,5 fois supérieure à celle de la morphine. Il n’a jamais été étudié chez l’homme et n’est pas contrôlé au niveau international. La littérature rapporte 19 décès (dont 5 en association avec un fentanyl de synthèse) et 2 overdoses (OD) non létales. En France, le réseau d’addictovigilance rapporte un signal faible qui peut être lié notamment à la difficulté de détection analytique (une OD et des signalements divers).

Conclusion

L’arrivée des opioïdes de synthèse est un phénomène à surveiller car le risque d’overdoses et de décès est majeur [1]. Le réseau d’addictovigilance souhaite sensibiliser les cliniciens à ces nouveaux produits, agonistes opioïdes puissants et sélectifs μ, non détectés en routine et réversibles à la naloxone. Le signalement des cas est indispensable à la veille sanitaire.

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Vol 29 - N° 2S

P. S60-S61 - mai 2017 Retour au numéro
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