Néphrotoxicité sous-estimée du paracétamol : à propos de 9 cas - 22/04/17
Résumé |
Introduction |
Les surdosages en paracétamol représentent l’une des plus fréquentes intoxications médicamenteuses, avec une toxicité hépatique bien connue. Toutefois, la toxicité rénale de cet antalgique reste mystérieuse et bien moins étudiée. Au centre antipoison (CAP) de Marseille, bien que les notifications de surdosage en paracétamol soient quotidiennes, les cas documentés d’insuffisance rénale aiguë (IRA) semblent pourtant rares dans ce contexte. Nous décrivons une série de 9 cas notifiés au CAP de Marseille.
Méthode |
Étude rétrospective analysant les cas d’insuffisance rénale aiguë secondaires aux surdosages en paracétamol notifiés au CAP de Marseille entre le 01/01/2010 et le 30/06/2016.
Résultats |
Neuf observations (6 tentatives de suicides, 3 erreurs lors d’automédication) ont été analysées. Elles concernaient 6 femmes et 3 hommes, âgés de 13 à 70 ans. Les modes d’intoxication étaient de type « aigus et massifs » dans 7 cas, subaigus (posologies supra-thérapeutiques sur 2 à 5jours) dans les 2 autres cas. Une insuffisance hépatique grave (TP<50 %) était décrite dans 7 cas, 2 cas ne présentant pas ou peu de lésions hépatiques. Cinq patients ont présenté une IRA grade III (critères de l’Acute Kidney Impairement Network [1 ]) dont 4 ont nécessité une épuration extra-rénale ; 2 patients ont été évalués grade II et 2 patients grade I. L’oligurie ou l’anurie était notée le plus souvent à j3 et résolutive dans les 14jours. Une ponction biopsie rénale était réalisée dans 2 cas et montrait des lésions de nécrose tubulaire aiguë. Aucune séquelle rénale ou hépatique ne fut rapportée.
Conclusion |
La toxicité rénale du paracétamol est un phénomène qui semble rare. Elle n’est le plus souvent constatée qu’à l’occasion de la recherche étiologique d’une anurie ou d’une oligurie. Cependant, en pratique quotidienne la fonction rénale n’est que rarement contrôlée au décours des intoxications au paracétamol et il est probable que l’incidence de ce type d’IRA toxique soit sous-estimée. Peu d’études analytiques sont disponibles sur le sujet ; une étude récente [2 ] sur 120 patients met en évidence un lien significatif entre sévérité de l’atteinte hépatique et survenue d’une IRA. Ceci implique que la prévention de l’hépatite toxique par N-acétylcystéine préviendrait également la survenue d’une IRA, mais aussi que les prises en charges tardives sont à risque de complications rénales. Les premières lignes soignantes doivent être sensibilisées au potentiel néphrotoxique du paracétamol, notamment lorsque la prise en charge médicale est différée.
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Vol 29 - N° 2S
P. S68 - mai 2017 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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