L’infection par le virus de l’immunodéficience humaine (VIH) demeure une priorité sanitaire mondiale majeure. Elle constitue une source de souffrance physique et psychologique ainsi que de difficultés relationnelles et de détérioration de la santé sexuelle. Les objectifs de notre étude étaient d’évaluer les différentes dysfonctions sexuelles chez les Tunisiens vivants avec le VIH et de déterminer les relations de ces dysfonctions avec les caractéristiques sociodémographiques, l’évolution de l’infection, la présence de dépression et la qualité d’estime de soi.

Il s’agit d’une étude transversale descriptive et comparative ayant porté sur 74 patients tunisiens suivis pour une infection par le VIH. Les données ont été recueillies à l’aide d’un entretien semi-structuré et de trois échelles : l’échelle de Rosenberg pour déterminer la qualité d’estime de soi, l’échelle de Hamilton pour l’évaluation de la dépression, l’index international de la fonction érectile pour les hommes (IIEF) et l’index de la fonction sexuelle féminine pour évaluer la fonction sexuelle (FSFI).

Pour les hommes, nous avons noté une dysfonction érectile sévère dans 33,3 % des cas, un trouble sévère de l’orgasme dans le même pourcentage et un trouble du désir de léger à sévère dans 85,7 % des cas. La sévérité de la dysfonction sexuelle masculine était en relation avec la présence de dépression et la consommation d’alcool. Pour les femmes, la majorité d’entre elles (n=19 ; 59,4 %) avaient une abstinence sexuelle totale depuis l’annonce de l’infection par le VIH. Seuls l’origine géographique et le faible niveau d’instruction étaient des facteurs influençant de façon significative la fonction sexuelle féminine. La dépression n’avait pas d’influence sur la fonction sexuelle de ces patientes.

La vie sexuelle des Tunisiens vivants avec le VIH est altérée. La collaboration entre les médecins infectiologues et les sexologues est nécessaire pour améliorer la qualité de vie sexuelle de ces patients.

Infection with HIV remains a major global health priority. It is a source of physical and psychological pain as well as relational difficulties and deterioration of sexual health. The objectives of our study were to assess the different sexual dysfunctions of Tunisian patients living with HIV and to look for a link between these dysfunctions and socio- and demographic characteristics, the course of infection, the presence of depression and the quality of self-esteem.

A descriptive and comparative cross-sectional study was conducted about 74 Tunisian patients suffering from HIV infection. We have used a semi-structured interview and three scales: the Rosenberg scale to determine the quality of self-esteem, the Hamilton scale for the assessment of depression, the International Index of Erectile Function (IIEF-15) for men and the Female Sexual Function Index (FSFI) to assess sexual function in women.

For men, we noticed a severe erectile dysfunction in 33.3% of cases, a severe disorder of the orgasm in the same percentage and a slight to severe disorder of desire in 85.7% of cases. The severity of male sexual dysfunction was related to depression and alcohol consumption. Majority of women (n=19; 59.4%) had total sexual abstinence since the announcement of the HIV infection. Only the geographical origin and the low level of education influenced significantly female sexual function. Depression had no effect on sexual function of these female patients.

Sexual lives of Tunisians living with HIV are worsened. Collaboration between infectious disease doctors and sex therapists is necessary to improve the quality of sexual life of these patients.