Dermatose neutrophilique dans l’atteinte cutanée de la fièvre méditerranéenne familiale : revue systématique de la littérature de 113 patients - 22/05/17
Résumé |
Introduction |
La fièvre méditerranéenne familiale (FMF) est la maladie auto-inflammatoire (MAI) monogénique la plus fréquente. Elle est associée à des mutations du gène MEFV dont il existe plusieurs centaines de variants associés à des phénotypes de sévérité variable. Le diagnostic est clinique et peut être guidé dans un second temps par la génétique. Des manifestations cutanées sont décrites dans 25 à 47 % [2 , 1 ] des cas et le pseudo-érysipèle en est une présentation typique. Cependant, de nombreux cas rapportés ont mis en évidence l’existence d’un polymorphisme de l’atteinte cutanée de la FMF comme le « purpura », des « syndromes de Sweet », des « panniculites ». Les objectifs étaient de décrire les caractéristiques histologiques des atteintes cutanées de la FMF et de rechercher les spécificités des dermatoses neutrophiliques par une revue de la littérature.
Matériels et méthodes |
La recherche bibliographique s’est effectuée sur les bases de données INFEVERS et MEDLINE de 1946 à 2017 en se focalisant sur les atteintes cutanées atypiques de FMF. Trois investigateurs ont relu les résumés de façon indépendante (MD, SGL et CB) et l’intégralité des articles sélectionnés.
Résultats |
Dix-sept articles ont été trouvés entre 1982 et 2015 regroupant 113 patients présentant des signes cutanés au cours d’une FMF certaine ou probable dont 53 pseudo-érysipèles, 6 syndromes de Sweet, 4 panniculites, 20 purpuras, 2 présentations bulleuses et 47 autres présentations (œdème angioneurotiques, érythème facial, desquamation, syndrome de Raynaud, aphtes, nodules psoriasis, herpes). Parmi eux, les 20 patients présentant des résultats histologiques précis ont été retenus pour l’analyse finale.
Les lésions cutanées décrites étaient des pseudo-érysipèles (n=9), des panniculites neutrophiliques (n=3), des syndromes de Sweet (n=4), des présentations bulleuses (n=2), une vasculite lobulaire (n=1) et un purpura (n=1). Nous avons pu distinguer 3 types d’atteintes distincts en fonction de la localisation de l’infiltrat sur les biopsies : Les pseudo-érysipèles et purpura présentant dans 90 % des cas un infiltrat uniquement vasculaire de lymphocytes et de PNN ; les dermatoses neutrophiliques et la vasculite lobulaire présentant un infiltrat de PNN associé dans 40 % des cas à des lymphocytes et plus rarement à des histiocytes, monocytes ou éosinophiles. Cet infiltrat était présent dans 88 % des cas dans l’hypoderme, 50 % des cas dans le derme, 50 % des cas en mais jamais présent dans l’épiderme. Une vascularite avec atteinte de la paroi des petits vaisseaux était objectivée dans 12,5 % des cas. Enfin, les bulles étaient sous-épidermiques avec un infiltrat polymorphe pouvant atteindre l’épiderme, le derme et l’hypoderme, l’immunofluorescence directe était toujours négative. La présence de dépôts de C3 était rapportée pour certains pseudo-érysipèles (78 %) une panniculite et un purpura avec 13 immunofluorescences réalisées sur les 20 patients retenus. En regardant spécifiquement les atteintes de type dermatose neutrophilique, soit 7 des 20 patients sélectionnés, l’âge moyen au diagnostic était de 46 ans, un âge relativement tardif dans cette pathologie de diagnostic principalement pédiatrique. Sur le plan génétique, lorsque la recherche de celle-ci était disponible, il apparaissait que dans les dermatoses neutrophiliques, les mutations pathologiques certaines et trouvées habituellement dans la MEFV étaient plus rares (20 % de M694V Homozygote, 40 % d’hétérozygote) que dans le pseudo-érysipèle. Quarante pour cent des patients présentaient uniquement un variant de l’exon 2 hétérozygote dont la pathogénicité reste à préciser : R202Q et E148/L110P/G340R ; avec un diagnostic tardif, chez des patients japonais âgés de 63 et 73 ans dont un présentait une FMF probable d’après les critères de Tel Hashomer mais avec d’importantes atypies : résistance à la colchicine, et évolution suivant celle de son syndrome myélodysplasique.
Conclusion |
La FMF possède un polymorphisme dans ses atteintes cutanées, l’histologie nous permet de caractériser plusieurs types d’atteintes : le purpura et le pseudo-érysipèle avec une atteinte périvasculaire, les dermatoses neutrophiliques avec une atteinte possible du derme et de l’hypoderme mais respectant l’épiderme, et enfin les formes bulleuses. Les dermatoses neutrophiliques semblent plus tardives et il convient d’éliminer tous les diagnostics différentiels en leur présence dans un contexte de suspicion de FMF comme les hémopathies myéloïdes, les vascularites systémiques ou encore la polyarthrite rhumatoïde au vue des caractères atypiques de la clinique et de la génétique dans cette présentation cutanée.
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Vol 38 - N° S1
P. A102-A103 - juin 2017 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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