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Complications onco-hématologiques au cours des vascularites nécrosantes : analyse poolée de 5 essais thérapeutiques prospectifs - 22/05/17

Doi : 10.1016/j.revmed.2017.03.114 
A. Lafarge 1, , C. Pagnoux 2, X. Puéchal 1, M. Samson 3, M. Hamidou 4, A. Karras 5, T. Quéméneur 6, M. Groh 7, L. Mouthon 8, P. Ravaud 9, L. Guillevin 1, B. Terrier 7
1 Centre de référence des maladies systémiques auto-immunes rares, hôpital Cochin, Paris, France 
2 Rhumatologie, Mont Sinai Hospital, Toronto, Canada 
3 Médecine interne et immunologie clinique, CHU de Dijon, Dijon, France 
4 Médecine interne, CHU d’Hôtel-Dieu, Nantes, France 
5 Néphrologie, HEGP, 15, rue Louis-Blanc, 75015 Paris, France 
6 Néphrologie-médecine interne, centre hospitalier de Valenciennes, Valenciennes, France 
7 Médecine interne, hôpital Cochin, Paris, France 
8 Centre de référence maladies auto-immunes et systémiques rares, service de médecine interne, hôpital Cochin, AP–HP, Paris, France 
9 Épidémiologie clinique, hôpital Hôtel-Dieu, Paris, France 

Auteur correspondant.

Résumé

Introduction

Au cours de la prise en charge des vascularites systémiques nécrosantes, l’exposition des patients aux traitements immunosuppresseurs est à l’origine de complications potentiellement graves. L’effet pro-oncogène de ces traitements est bien établi, mais les complications onco-hématologiques sont rarement décrites dans la littérature dans cette population de patients. L’objectif de cette analyse est de décrire et d’analyser les événements néoplasiques survenant au cours de la prise en charge des patients atteints de vascularites systémiques nécrosantes.

Patients et méthodes

Les données de 5 essais thérapeutiques prospectifs, multicentriques et randomisés (CHUSPAN 1, CHUSPAN 2, MAINRITSAN, WEGENT, CORTAGE), conduits par le Groupe français d’étude des vascularites, ont été poolées et analysées. Les objectifs de ces études étaient d’évaluer l’efficacité de différentes stratégies thérapeutiques (méthotrexate, azathioprine, rituximab) pour le traitement de la périartérite noueuse (PAN), de la granulomatose avec polyangéite (GPA), de polyangéite microscopique (MPA) et de la granulomatose éosinophilique avec polyangéite (GEPA). Les données à l’inclusion et au cours du suivi étaient recueillies prospectivement. Le critère de jugement principal de cette étude était la survenue d’un cancer solide ou d’une hémopathie maligne au cours du suivi.

Résultats

Sept cent trente-trois patients ont été inclus entre 1993 et 2012 dans cette étude et ont été analysés (293 patients issus de CHUSPAN 1, 95 de CHUSPAN 2, 104 de CORTAGE, 115 de MAINRITSAN et 126 de WEGENT). Les caractéristiques démographiques à l’inclusion étaient : 398 hommes (54,3 %), avec un âge médian de 60 ans (IQR 47–70). Les diagnostics de vascularites étaient : MPA dans 231 (31,5 %) patients, GPA dans 226 (30,8 %), GEPA dans 186 (25,4 %) et PAN dans 85 (11,6 %).

Au cours du suivi médian de 5,2 ans (IQR 3–9,7), 39 patients (5,3 %) ont développé une néoplasie solide ou une hémopathie. Dans 34 cas (4,6 %), il s’agissait d’un cancer solide dont : cancers digestifs dans 9 (26,5 %) cas, cancers cutanés dans 8 (23,5 %) cas, cancers pleuropulmonaires dans 6 (17,7 %) cas, cancers vésico-prostatiques dans 5 (14,7 %) cas, cancers gynécologiques dans 4 (11,8 %) cas, et tumeur cérébrale et cancer multi-métastatique sans tumeur primitive identifiée dans 1 (2,9 %) cas chacun. Dans un tiers des cas, le diagnostic révélait des métastases synchrones, mais l’extension métastatique n’était pas renseignée dans la moitié des situations.

Cinq patients (0,7 %) ont présenté une hémopathie maligne, dont : syndrome myélodysplasique dans 2 cas, et un myélome, un syndrome myéloprolifératif et un lymphome rénal dans un cas chacun.

La proportion de patients présentant un cancer ou une hémopathie maligne était de 7,7 % (15/196) sur la période d’inclusion 1993–1999, 6,3 % (15/238) sur la période 2000–2005 et 3 % (9/299) sur la période 2006–2012.

Les thérapeutiques utilisées chez les patients avant la survenue de la néoplasie solide ou de l’hémopathie étaient : cyclophosphamide par voie intraveineuse dans 26 (66,7 %) cas, azathioprine dans 18 (46,2 %) cas, méthotrexate dans 10 (25,6 %) cas, mycophénolate mofétil dans 3 (7,7 %) cas, et rituximab dans 3 (7,7 %) cas.

Les 2 patients ayant développé une tumeur vésicale avaient reçu du cyclophosphamide par voie intraveineuse, et 7 des 8 patients ayant développé un cancer cutané avaient reçu de l’azathioprine.

Le délai médian entre le début de la prise en charge thérapeutique et le diagnostic tumoral était de 4,1 ans (IQR 1,4–7,9). Enfin, 19 des 39 cancers solides ou hémopathies malignes ont entraîné directement le décès du patient, représentant 16,7 % des causes de décès dans la population globale.

Conclusion

Les affections hémato-oncologiques constituent une complication fréquente au cours de la prise en charge des vascularites, survenant au-delà des 4 premières années dans la majorité des cas. La diminution de leur incidence au cours des deux dernières décennies est possiblement liée à la meilleure prescription des traitements immunosuppresseurs (baisse des doses cumulées), et pourrait expliquer en partie l’amélioration du pronostic global. L’étude des facteurs de risque, actuellement en cours, permettra d’identifier les populations les plus à risque dans une perspective de personnalisation thérapeutique.

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