La couverture vaccinale antigrippale en milieu hospitalier exposé : des différences de comportement entre médecins et paramédicaux - 22/05/17
Résumé |
Introduction |
Le territoire français métropolitain a affronté une importante épidémie de grippe de décembre 2016 à février 2017 aboutissant à de nombreuses hospitalisations en urgence dans des conditions souvent difficiles. Dans notre service de 114 lits, nous avons pris en charge 71 patients ayant une grippe avérée (21 grippes nosocomiales) ou suspectée. La mortalité chez ces patients était de 12 %. Le personnel soignant (PS) est à la fois très exposé et vecteur potentiel de transmission. Or, en France, la couverture vaccinale antigrippale (CVA) du PS est insuffisante (25,6 % en 2009 selon une étude de l’INVS). Le but de cette étude était donc d’évaluer la CVA chez le personnel médical et non médical de services hospitaliers d’un CHU ayant pris en charge une importante proportion de malades suspects de grippe, afin d’en dégager des mesures en perspective des épidémies grippales futures.
Matériels et méthodes |
Nous avons souhaité évaluer la CVA du personnel dans une fédération de service de médecine interne gériatrique ainsi que la perception vis-à-vis de celle-ci. L’objectif étant d’évaluer la bonne diffusion de l’information concernant la vaccination antigrippale et de proposer des mesures d’amélioration. Du 18 janvier au 15 février 2017, un questionnaire anonyme a été distribué à l’ensemble du personnel médical et paramédical (incluant les étudiants) affecté aux 114 lits de 4 services de court séjour (un de médecine interne et trois de gériatrie aiguë). Ce questionnaire comportait les caractéristiques de la personne interrogée (âge, sexe, profession), ses antécédents de grippe, sa situation vaccinale actuelle (incluant les effets indésirables lors de la vaccination) et les motivations expliquant cette situation. Le questionnaire portait aussi sur le degré d’information hospitalière reçue ainsi que sur les propositions d’amélioration de la couverture vaccinale.
Résultats |
Cent vingt-neuf personnes ont répondu à cette enquête (62 % du personnel total) : 84 % des médecins et 57 % du personnel paramédical. La classe d’âge médiane était de 30 à 40 ans. (femmes 79 %). Quatre-vingt-dix-sept réponses (75 %) provenaient du personnel paramédical. Quarante-sept personnes (36 %) étaient vaccinées contre la grippe : 65 % du personnel médical (n=20) et 28 % du personnel paramédical (n=27). Le taux de vaccination était significativement plus élevé chez les personnes déclarant avoir déjà eu la grippe (45 % vs 8 %). Les effets indésirables rapportés à la vaccination étaient limités à des douleurs locales (n=9) et des syndromes grippaux (n=2). Près de 75 % des personnes se considéraient informées : 41 % d’entre elles étaient vaccinées. Vingt-cinq pour cent des personnes estimaient avoir reçu une information insuffisante (67 % d’entre elles souhaitant plus d’information) : 20 % d’entre elles étaient vaccinées. Les motivations évoquées par les personnes vaccinées étaient principalement d’ordre professionnel (souhait de ne pas transmettre l’infection aux malades) (n=39) puis personnelles : vis-à-vis de leurs proches (n=14) et vis-à-vis d’eux-mêmes (n=13). Les arguments évoqués pour la non-vaccination se répartissaient en deux catégories : oubli et/ou manque de temps (n=9) ou par conviction personnelle (crainte des effets indésirables, inefficacité de la vaccination, méfiance vis-à-vis du vaccin) (n=50). Les principaux motifs de non-vaccination différaient entre les médecins (manque de temps ou oubli) et les personnels paramédicaux (conviction personnelle). Les propositions d’amélioration étaient le renforcement de la campagne d’information, le passage d’une équipe mobile de vaccination, une vaccination plus précoce et directement dans le service, voire une obligation vaccinale. Neuf personnes ont déclaré avoir contracté la grippe cette année.
Conclusion |
Comparé à la littérature, la couverture vaccinale anti-grippale de cette population semble relativement bonne. Il n’est cependant pas exclu que ceux qui n’ont pas répondu au questionnaire soient préférentiellement des personnes non vaccinées. Nos résultats montrent une importante différence de CVA entre les médecins et les paramédicaux ainsi qu’une différence de motifs de non-vaccination. Il s’avère donc indispensable de renforcer l’information sur l’intérêt de la vaccination, notamment vis-à-vis du risque de transmission de la grippe à des malades fragiles. Mais notre étude montre que la non-vaccination résulte souvent d’arguments non rationnels, notamment dans le personnel paramédical. Cette notion doit être prise en compte pour adapter les messages délivrés au cours des campagnes de vaccination du personnel hospitalier.
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Vol 38 - N° S1
P. A129-A130 - juin 2017 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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