Complication rare d’une infection fréquente - 22/05/17
Résumé |
Introduction |
La rupture spontanée de rate est une pathologie peu commune, pouvant nécessiter une prise en charge chirurgicale, voire mettre en jeu le pronostic vital. Les pathologies associées à cette condition sont en premier lieu hématologiques, puis infectieuses avec une large représentation de l’infection à Epstein-Barr virus (EBV).
Observation |
Nous rapportons le cas d’une patiente de 57 ans admise aux urgences pour une douleur basi-thoracique gauche et abdominale dans un contexte de syndrome pseudo-grippal avec laryngite évoluant depuis 6 semaines. Elle n’avait pas d’antécédents médicaux particuliers. L’anamnèse ne retrouvait pas de notion de traumatisme thoracique ou abdominal récent. La palpation profonde de l’hypochondre gauche était douloureuse sans défense. La biologie retrouvait une anémie normocytaire arégénérative à 9,9g/dL (contre 12g/dL 4jours plus tôt), une hyperlymphocytose à 5,3G/L, avec des lymphocytes activés au frottis sanguin. Il y avait une cytolyse hépatique entre 6 et 7 fois la normale. Le scanner abdominal montrait une splénomégalie et de multiples dilacérations intra-spléniques, un hématome sous-capsulaire de 17mm et un hémopéritoine limité secondaire à la rupture de rate. L’enquête étiologique infectieuse a montré la présence d’IgM anti-EBV, anti-cytomégalovirus (CMV) et anti-toxoplasmose. La sérologie VIH était négative. La primo infection CMV a été confirmée par une charge virale CMV à 25 000copies/mL. L’évolution était spontanément favorable sans chirurgie ni traitement spécifique. La patiente s’était rendue 8semaines plus tôt chez son fils de 28 ans qui était atteint d’une primo-infection à CMV, ce qui a permis de dater précisément le contage. Une séroconversion CMV a été constatée chez l’épouse de celui-ci, enceinte, 2 semaines après l’établissement du diagnostic d’infection aiguë à CMV chez notre patiente.
Discussion |
L’infection à CMV est asymptomatique dans 90 % des cas mais peut parfois évoluer vers des complications graves qui ne sont pas l’apanage du sujet immunodéprimé. Elle survient principalement dans l’enfance et l’adolescence, mais seulement 41,9 % des patients adultes sont immunisés. La rupture de rate lors une infection à CMV n’a été rapportée dans la littérature que 16 fois et seulement chez l’adulte. La succession de trois cas dans la même famille permet de rappeler l’importante contagiosité de cette infection et que la durée d’excrétion du CMV par un sujet-index peut durer plusieurs mois. Des mesures de protection devraient être proposées à l’entourage du cas index, notamment pour les femmes en cours de grossesse.
Conclusion |
Il faut savoir évoquer une infection à CMV devant une rupture de rate spontanée. Il serait utile de déterminer les facteurs de risque de rupture de rate dans ce contexte et de connaître la période de contagiosité d’une telle infection.
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Vol 38 - N° S1
P. A156 - juin 2017 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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