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Les DMS en médecine interne sont-elles de bonnes mesures d’évaluation d’activité du service ? Ou : quels en sont les déterminants ? - 22/05/17

Doi : 10.1016/j.revmed.2017.03.045 
P. Duhaut , J. Schmidt, M. Aubignat, V. Salle, C. Gourguechon, P. Florentina, A. Smail
 Médecine interne, Recif, CHU d’Amiens-Picardie, Amiens, France 

Auteur correspondant.

Résumé

Introduction

Les durées moyennes de séjour (DMS) sont depuis longtemps considérées comme des marqueurs d’activité des services hospitaliers. L’Index de perfomance-DMS (IP-DMS), dernier avatar de cette conception, sert à comparer les services d’une même spécialité entre eux et à déterminer le nombre de soignants affectés dans le service. Ces IP-DMS sont calculées par groupe homogène de malades (GHM).

Patients et méthodes

Nous avons analysé tous les patients entrés en hospitalisation conventionnelle du 15 septembre 2015 au 31 janvier 2017, sur une base de données remplie quotidiennement par nos soins dans le service. Nous avons colligé les motifs d’admission, la provenance des patients, les diagnostics et les principaux antécédents, les facteurs de risque cardiovasculaires et les expositions toxiques professionnelles ou personnelles (alcool, intoxications diverses), certains marqueurs de précarité, et les modalités de sortie. L’analyse statistique a été effectuée sur SAS, et les variables influençant la DMS ont été intégrées dans les modèles de régression logistique pour 5 groupes de pathologies : cancers profonds, maladies hématologiques pré-malignes ou malignes, maladies neurologiques, maladies systémiques ou inflammatoires, et pathologies bactériennes.

Résultats

La DMS ne varie pas selon le sexe (p=0,76), mais selon l’âge : coefficient de Spearman=0,25, p=0,0001, et, pour une DMS>10 j :

– selon les motifs d’admission : maintien à domicile difficile, 16,6jours vs 7,8, p=0,0001 ; fièvre, 11,6 vs 7,6, p=0,0001 ;

– selon la provenance : consultation, 13,4 % vs 32,1 %, p=1×10–14 ; admission par les urgences, 31,1 % vs 25 %, p=0,01 ; par la réanimation, 50 % vs 26,4 %, p=0,001 ; par un autre service de médecine, 41,7 % vs 26,1 %, p=0,00004 ;

– selon les facteurs de risque (FR) présent vs absent : alcool, 33,7 % vs 25,7 %, p=0,01 ; HTA, 35,3 % vs 20,6 %, p=1×10–10 ; DNID, 35,5 % vs 24,9 %, p=0,003 ;

selon l’état du patient, notion subjective recueillie au lit du patient tous les jours : 79,8 % vs 5,9 %, p=1×10–195… ; démence (129 cas), 46,5 % vs 25,3 %, p=1,24×10–6 ;

– selon des facteurs sociologiques ou sociétaux indépendants du service : attente d’un lit d’aval (51 cas), 96,1 % vs 24,6 %, p=1,10–26 ; problèmes familiaux (13 cas), 92,3 % vs 26,4 %, p=1×10–6 ; soins lourds à domicile (22 cas), 95,4 % vs 26 %, p=1,3×10–11 ; détresse sociale (47 cas), 82,9 % vs 25,25 %, p=5,75×10–16 ; aménagement du domicile (8 cas), 87,5 % vs 26,7 %.

Les mêmes éléments confondants se retrouvent pour une DMS supérieure à 15jours (215 cas) ou supérieure à 21jours (105 cas).

En analyse multivariée prenant en compte ces facteurs confondants très significatifs, le GHM disparaît pour les maladies hématologiques, les maladies de système et les maladies neurologiques, et n’apparaît qu’en 3e ou 5e position loin derrière l’état du patient et les possibilités de sortie (lit d’aval essentiellement) pour les cancers et les pathologies infectieuses. Le GHM n’apparaît pas plus si la variable « état du patient » n’est pas incluse dans le modèle, mais la détresse sociale est alors significative (p=0,002), de même que l’âge (p=0,002) notamment pour les cancers, les maladies hématologiques (p<0,0005), les maladies neurologiques (p<0,0007), et les maladies systémiques (p<0,0005).

Conclusion

Les diagnostics ne sont pas retenus en analyse multivariée comme facteurs influençant la DMS, à l’exception des cancers profonds (en 3e position toutefois). L’état du patient apprécié au lit du patient est le premier facteur, suivi par la provenance (urgences et réanimation), les possibilités de sortie des patients fragiles (lit d’aval ou soins à domicile), et, selon les pathologies, l’âge et la détresse sociale. Ces facteurs ne sont pas intégrés dans les GHM. Ils varient d’une région et d’un hôpital à l’autre. Les IP-DMS ne sont comparables ni mathématiquement (différence de dénominateur), ni sociologiquement, ce qui les disqualifie pour l’évaluation d’un service ou la réduction du personnel.

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