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La maladie de Castleman, une cause rare d’amylose AA : à propos de 53 cas séronégatifs, incluant la revue de la littérature et 2 cas français - 22/05/17

Doi : 10.1016/j.revmed.2017.03.054 
A. Fayand 1, J.E. Kahn 2, J.J. Boffa 3, A. Cez 3, D. Buob 4, G. Grateau 1, S. Georgin-Lavialle 1,
1 Médecine interne et centre national de référence des amyloses inflammatoires, hôpital Tenon, AP–HP, Paris, France 
2 Médecine interne, hôpital Foch, 40, rue Worth, Suresnes, France 
3 Service de néphrologie et dialyse, hôpital Tenon, AP–HP, Paris, France 
4 Anatomie pathologique, hôpital Tenon, Paris, France 

Auteur correspondant.

Résumé

Introduction

La maladie de Castleman est une maladie lymphoproliférative inflammatoire bénigne. Deux formes de maladie de Castleman s’opposent : une forme localisée (UCD), le plus souvent abdominale ou thoracique, d’évolution en règle favorable après exérèse chirurgicale ; et une forme systémique (MCD) de pronostic plus réservé. Bien que classiquement associée à une infection par le VIH et par le HHV8, on observe d’authentiques maladies de Castleman séronégatives dont la cause demeure inconnue. La conception physiopathologique actuelle propose un rôle central de deux médiateurs inflammatoires : l’interleukine 6 (IL-6) et le vascular endothelial growth factor (VEGF). Ce caractère inflammatoire en fait une cause classique bien qu’exceptionnelle d’amylose AA. Nous rapportons ici deux cas français d’amyloses AA associées à des maladies de Castleman séronégatives, puis nous effectuons une revue de littérature.

Patients et méthodes

Les cas rapportés ici étaient issus de deux services franciliens de médecine interne, colligés grâce au centre national de référence français de l’amylose AA. Les caractéristiques des patients étaient recueillies par retour aux dossiers médicaux. Nous avons recherché dans les bases de données PubMed et Web of Science tous les cas de maladie de Castleman associée à une amylose AA en utilisant les mots clés suivants : Castleman disease, giant lymph node hyperplasia, amyloidosis, kidney diseases, nephrotic syndrome. Étaient exclus les cas associés au VIH et/ou au HHV8.

Résultats

La littérature regroupe 43 articles rapportant 51 patients atteints de maladie de Castleman séronégative associée à une amylose AA. Deux patients français, un homme et une femme, ont été ajoutés à ces cas de littérature. Dans 61,5 % des cas (n=32) la maladie de Castleman était diagnostiquée suite à la découverte de l’amylose AA, chez des patients de 41ansen moyenne (extrêmes : 17–70) avec une CRP élevée. Des symptômes et/ou un syndrome inflammatoire au long cours évoluaient depuis alors en moyenne 5ans. Soixante-trois pour cent (n=32) étaient des UCD, dont la majorité (69 %) étaient de localisation thoracique. Vingt-sept pour cent (n=19) des MCD. Le type histologique était le plus souvent lympho-plasmocytaire (37 patients). Les organes les plus fréquemment atteints par l’amylose étaient le rein, le tube digestif et le foie chez respectivement 78 % (n=39), 32 % (n=16) et 26 % (n=13) des patients. Cinq patients avaient une atteinte cardiaque et 2 une atteinte neurologique périphérique. Dans 21 % des cas l’atteinte rénale évoluait vers une insuffisance rénale terminale. Une exérèse carcinologique était proposée pour la plupart des UCD permettant la rémission dans 77 % des cas (n=20/26 patients opérés). Dans les MCD la corticothérapie était le traitement le plus employé avec une efficacité dans seulement 28 % des cas (n=5/18 traités). Le traitement par anticorps monoclonal anti-récepteur à l’IL6 a été utilisé chez 6 patients, avec une rémission chez 5 d’entre eux et un arrêt de la progression chez le dernier. La mortalité était de 17 % (5 UCD et 4 MCD). Parmi les sujets décédés 3 présentaient une amylose digestive, dont 2 étaient décédé d’hémorragie digestive, et 2 avaient une amylose cardiaque.

Conclusion

Bien qu’il s’agisse d’une entité rare il faut savoir évoquer une maladie de Castleman devant une amylose AA sans cause évidente : en effet, près de deux tiers des patients de cette étude se présentaient de cette manière. Les formes localisées constituent une cause d’amylose qui peut être guérie par une prise en charge chirurgicale seule. À l’inverse la prise en charge des formes multicentriques est plus difficile avec une efficacité inconstante des corticoïdes ou des immunosuppresseurs. Un traitement prometteur dans cette indication semble être un anticorps monoclonal anti-récepteur de l’IL6, le tocilizumab.

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Vol 38 - N° S1

P. A70-A71 - juin 2017 Retour au numéro
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