On sait que l’efficacité du vaccin grippal n’est pas toujours optimale pour éviter l’épisode grippal vrai, mais il est habituel de dire que la symptomatologie est alors moins marquée et les complications moins fréquentes. Les publications sur ce thème sont peu nombreuses et parfois contradictoires. Notre travail explore plus avant cette problématique chez les seniors.

L’analyse uni et multivariée de données de surveillance ambulatoire de la grippe entre 2003 et 2014 a permis d’étudier le tableau clinique initial présenté par 675 seniors (≥65 ans) vus par un médecin généraliste et présentant une grippe virologiquement confirmée. Parmi ces patients, 385 (57 %) étaient vaccinés contre la grippe pour la saison en cours. Cette analyse a été complétée d’une revue de la bibliographie.

La comparaison des tableaux cliniques présentés par les groupes non vaccinés/vaccinés ne retrouve que peu de différences : en analyse multivariée, seules les céphalées sont significativement moins souvent rapportées par les patients vaccinés. Les données disponibles ne permettent pas d’analyser le devenir de ces patients. Que dit la littérature ? En termes de symptomatologie initiale, le tableau clinique paraît un peu moins marqué chez les patients de 65 ans et plus vaccinés (VanWormer) et chez les adultes en bonne santé (Deiss) ; le score concernant l’état de santé et le niveau d’activité, auto-évalué par des adultes à l’inclusion, est meilleur chez les vaccinés que chez les non-vaccinés (Petrie). Dans cette dernière étude, le délai de retour à la normale n’est pas différent dans les deux groupes. En termes de complications, les quelques études disponibles ne montrent pas d’effet sur le taux d’hospitalisation (McLean), mais montrent une réduction des formes graves avec admission en soins intensifs (Castilla) ou de la durée de séjour en soins intensifs (avec traitement antiviral [Arriola]).

Au total, l’intérêt de la vaccination grippale pour éviter les complications chez les plus fragiles réside avant tout dans son efficacité à éviter l’épisode grippal, efficacité qui reste perfectible. Chez les patients vaccinés authentiquement grippés, la symptomatologie initiale et les formes graves apparaissent légèrement moins marquées. Toutefois, les études disponibles sont peu nombreuses, parcellaires et ne concernent que des petits effectifs (notamment chez les plus fragiles) et une ou deux saisons à la fois ; ce manque de puissance limite leur extrapolation et des travaux complémentaires plus larges, étudiant l’épisode grippal initial et son devenir, seraient nécessaires.