Cette année, pour la première fois au sein de notre établissement, le port du masque systématique a été demandé aux professionnels de santé non vaccinés contre la grippe, dans tous les lieux de contact avec les patients. Cette obligation du port du masque a été décidée du fait du faible taux de vaccination chez les professionnels (environ 30 %), pour limiter la propagation de l’épidémie de grippe. Cette mesure était complémentaire de la vaccination, de la mise en place d’isolement gouttelettes en cas de grippe identifiée et des précautions habituelles d’hygiène. Cette étude prospective, réalisée en période d’épidémie grippale, a pour objectif d’évaluer le ressenti du personnel vis-à-vis de cette mesure.

L’équipe infirmière du service de maladies infectieuses a élaboré un questionnaire sur le ressenti du port du masque. Ce questionnaire anonyme a été diffusé dans le service de maladies infectieuses, puis à l’ensemble des différents pôles de l’établissement.

L’analyse préliminaire de 254 réponses montre une population jeune (âge moyen : 39,1 ans), majoritairement féminine (n=190, 74,8 %), avec 82 infirmiers (32,3 %), 64 médecins (25,2 %), 44 aides-soignants (17,3 %) et 18 agents de service hospitalier (7,1 %). Près de la moitié (n=121, 47,6 %) étaient vaccinés. Parmi les 121 vaccinés, 110 (91,7 %) l’ont fait par choix personnel et 98 (81 %) se sentent protégés. Quatre-vingt-cinq (70,2 %) pensent que le port du masque pour les non-vaccinés n’est pas suffisant pour éviter une épidémie. Soixante-deux (51,2 %) sont favorables au port du masque pour tous en période épidémique. Parmi les 133 non vaccinés, 72 (54,4 %) ne sont pas convaincus de l’efficacité du vaccin. La majorité (n=105, 79,2 %) porte effectivement un masque. Cinquante professionnels (37,6 %) répondent que le port du masque est contraignant : 61 (45,6 %) signalent un inconfort physique et 52 (39,2 %) un impact négatif sur la communication. La culpabilité de porter un masque est faible (8,8 %) et peu d’agents (n=14, 10,4 %) ont subi des remarques désagréables. Cent dix-neuf personnes (89,6 %) pensent être protégées de la grippe par le port du masque et 125 ont le sentiment de protéger les patients (93,9 %). Seuls quinze pensent se vacciner l’an prochain, 32 personnes se déclarent hésitantes.

Le port du masque systématique en période épidémique par les professionnels non vaccinés est globalement bien accepté par les non-vaccinés. Les agents se sentent en sécurité et pensent protéger les patients. Les personnels vaccinés sont plus mitigés sur l’intérêt de cette mesure. Cette mesure semble être une mesure complémentaire intéressante à conserver dans un but de limitation de la transmission virale. Le fait de l’étendre à tous en complément de la vaccination peut être à discuter pour protéger d’autres virus que la grippe (VRS par exemple). La promotion de la vaccination reste indispensable.