Une combinaison non cétogène de stratégies alimentaires antiépileptiques protège efficacement contre les crises - 06/09/17
Résumé |
Introduction et but de l’étude |
L’épilepsie est une maladie neurologique affectant environ 1 % de la population. Il est estimé qu’un tiers des épilepsies résistent aux traitements pharmacologiques ciblant l’excitabilité neuronale et la transmission synaptique. Le régime cétogène est une approche alternative dont l’efficacité est reconnue chez les patients pharmacorésistants. Cette solution, extrêmement restrictive, est associée à des complications systémiques dues à un rapport massique [lipides]/[protéines+glucides] élevé (4/1). Des travaux récents indiquent que ce rapport de référence ne serait pas un prérequis à l’efficacité antiépileptique des traitements alimentaires. D’autres stratégies ont récemment émergé, comme l’utilisation des glucides à faible indice glycémique, l’incorporation d’avantages de triglycérides à chaîne moyenne et d’acides gras polyinsaturés ou encore l’augmentation des proportions d’acides aminés ramifiés. Dans la présente étude, ces stratégies ont été combinées afin de composer un régime réduisant le déséquilibre des proportions de macronutriments du régime cétogène traditionnel et se rapprochant de l’équilibre standard. Cette stratégie alimentaire combinée a été ici testée chez la souris afin d’évaluer ses potentielles propriétés antiépileptiques.
Matériel et méthodes |
Nous avons analysé par électrophysiologie ex vivo et par enregistrement télémétrique d’EEG in vivo l’effet du régime combiné, du régime cétogène classique et d’un régime témoin standard sur les conductances excitatrices ainsi que sur la susceptibilité aux crises aiguës ou chroniques induites pharmacologiquement. Enfin, nous avons examiné les corrélats histologiques et moléculaires de l’épilepsie par western blots et marquage au DAPI des aires corticales et hippocampiques.
Résultats |
Les analyses nutritionnelles indiquent que le régime combiné présentait un rapport [graisse]/[protéines+glucides] (0,6/1) proche de celui du régime témoin standard (0,1/1) C, contrairement au régime cétogène classique (6,3/1). L’étude de la transmission synaptique a montré une forte diminution des conductances excitatrices dans l’aire CA1 de l’hippocampe chez les souris nourries avec les régimes combinés (p<0,001) et cétogène classique (p<0,001), due à une diminution de la probabilité de libération de glutamate. Cet effet n’était, cependant, pas dû à une augmentation des corps cétoniques dans la mesure où les analyses sanguines ont montré que ces derniers ne variaient pas chez les souris soumises au régime combiné, contrairement à celles soumises au régime cétogène classique (acétoacétate : p<0,001 ; β-hydroxybutyrate : p<0,001). En accord avec ces résultats, le régime combiné réduit de façon robuste la susceptibilité à l’induction de crise aiguë (p<0,001), ainsi que la fréquence des crises chroniques de souris épileptiques (p<0,001). Enfin, les souris soumises au régime combiné avaient une protection contre la perte cellulaire de l’hippocampe et contre l’inflammation des tissus corticaux associés à l’état épileptique.
Conclusion |
Ces résultats indiquent que la combinaison de nutriments antiépileptiques permet d’élaborer un régime présentant un contrôle robuste des crises d’épilepsie. Ils corroborent également les études suggérant que les niveaux de corps cétoniques ne traduisent pas nécessairement l’efficacité du régime alimentaire contre l’épilepsie.
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Vol 31 - N° 3
P. 241 - septembre 2017 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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